Aides sociales: avec ou sans réciprocité ?

En déplacement dans le Finistère, le premier ministre Edouard Philippe a évoqué l’idée de mettre en place des contreparties aux aides sociales, donnant sa propre vision de la réciprocité. Une idée pas si nouvelle qui crée la controverse !

 

 

Une idée pas si nouvelle

En effet, dès 2016, le Haut Rhin avait expérimentée une telle démarche en obligeant les bénéficiaires des aides sociales, particulièrement les allocataires du RSA, à effectuer sept heures de bénévolat par semaine sous peine de se voir retirer leurs allocations. D’autres départements, l’Isère notamment, testent un principe de réciprocité non contraignant dans le cadre d’un contrat d’engagement signé entre l’allocataire et le département.

 

Une mesure qui crée la controverse

Le Président des Républicains et de la Région Rhône-Alpes Laurent Wauquiez se dit intéressé par l’idée car pour lui, verser des aides sans contreparties « enfermerait les bénéficiaires dans l’assistanat ». Ainsi si l’on suit cette logique, conditionner les aides sociales à des heures de travaux d’intérêt général serait une piste envisageable dans un avenir plus ou moins proche.

Dans une logique inverse, la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale Brigitte Bourguignon estime qu’il faut « arrêter de stigmatiser nos citoyens les plus fragiles » en référence aux propos de Laurent Wauquiez sur « cancer de l’assistanat ».

Le gouvernement se montre prudent sur l’application d’une telle mesure : Muriel Pénicaud, la ministre du travail, indiquait vouloir généraliser le principe de réciprocité tout en insistant sur l’aspect non punitif de cette mesure qui doit rester un engagement volontaire non imposé.

Les aides sociales, un accompagnement à revoir ?

Si la question de la réciprocité est sujet à controverse, elle n’en pas moins d’être posée. En effet, dans le cadre du suivi et de l’évaluation du dispositif RSA, le rapport de la DREES pointe une situation très variable et inégale selon les départements concernant l’accompagnement des usagers. En moyenne, l’orientation vers un parcours d’insertion arrive 94 jours après la demande de RSA. 

Bien des pistes sont envisagées, du bénévolat en tant que facteur d’inclusion sociale, aux heures d’intérêt général critiqué pour relever de la criminalisation de la pauvreté. Le débat est encore loin d’être clos.