Blues brothers… et sisters

Quand deux auteurs de BD emblématiques des année 80, Baru et Jano, se rencontrent, cela donne un récit explosif, enlevé, porté par une belle nostalgie semée avec parcimonie. Tellement rock et jubilatoire !

 

Deux auteurs que les moins de 20 ans pourraient ne pas connaître… Tout d’abord, Baru, le fils d’immigré italien, qui a passé sa vie en Lorraine près des hauts-fourneaux qui constituèrent le décor de la plupart de ses albums (Quequette Blues, La piscine de Micheville, Le chemin de l’Amérique, etc.). Un véritable axe de transmission d’une mémoire d’une classe ouvrière en voie de disparition et dont il tente d’inscrire la force culturelle dans ses BD qui signe ici le scénario. Les pinceaux, c’est un autre grand nom de la BD qui s’en charge : Jano créateur du mythique Kebra, loubard loser symbole d’une certaine banlieue juste avant l’arrivée du rap. Croyez-vous qu’ils allaient nous servir leurs souvenirs d’anciens combattants regrettant amèrement la disparition de Métal Hurlant ? Nenni , c’est un album rock qu’ils nous proposent, avec une histoire attachante qui nous emmène jusqu’en Louisiane…

 

Rose a disparu

 

Avant de partir dans la patrie du blues, le récit démarre dans la Meuse où Jérémie, alias King Automatic , véritable homme-orchestre de rock, de retour d’une tournée, apprend la mort de sa tante Marie. Fouillant dans le grenier de celle-ci avec son frère Gillou, il découvre les 45 tours d’un certain Johnny Jano dédicacés à une certaine Rose, ainsi qu’une carte postale que le musicien a envoyé à cette derniere, à une adresse en Louisiane. Une Rose qui s’avère être la grand-mère disparue sans laisser de traces… Un secret de famille à élucider qui va pousser les deux frères à aller en Louisiane retrouver une histoire, un peu plus qu’une famille et beaucoup de musique.

 

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Havin’a whole lot of fun

Certes, ce sont les débuts du rock qui sont convoqués. Et pourtant l’album évite habilement les pièges de la nostalgie et du mélo. C’est de rock, de rythme de vie dont il est question à l’image de cette chanson de Johnny Jano, Havin’a whole of fun (que l’on pourrait traduire par “amusons-nous bien !”) qui parcourt tout le livre. Ici, les accidents de la vie apparaissent presque comme autant de preuves de liberté : ces anti-héros n’ont rien de rockstars mais ils sont d’authentiques rockers, le vivant avec la même énergie que ce soit in the Meuse ou en Louisiane. Avantage non négligeable de cette dernière contrée, le décor est plus beau. En tous cas, Jano s’est appliqué pour mettre en avant la beauté des lieux de cet état US.

En fait, dans cette saga à la fois musicale et familiale, Baru et Jano nous parlent d’eux, de leur passion pour cette musique qui n’a rien perdu de son énergie première. Peu importe le temps, ce sont toujours les mêmes rythmes qui les animent. Qui nous animent…

 

 

20150703 fourroses3The Four Roses
De Jano et Baru
Éditions Futuropolis
96 pages, 20 €
+ 45 tours Vinyle « Havin’a whole lot  of fun »