Dispersés dans Babylone

Jérémie Drès signe chez Gallimard une bande-dessinée originale, qui, sous le titre « Dispersés dans Babylone », décrit l’étonnant voyage de l’auteur, qui part en Ethiopie puis aux Etats-Unis, pour découvrir les mystères de la généalogie des juifs africains.

La narration est agréable, à l’image du dessin, où avec des traits assez simples, l’auteur fait ressortir des caractéristiques qui décrivent bien ce qu’il saisit du contexte dans lequel il évolue. On se prend de sympathie pour le personnage, son questionnement et ses pérégrinations.

Le propos du livre est de raconter l’aventure intellectuelle et existentielle de l’auteur (conséquente : le livre fait quand même 178 pages), à partir d’une simple question venue à l’esprit de cet amateur de reggae : pourquoi rencontre t-on de multiples références au judaïsme dans les groupes reggae ( « Israël Vibrations », etc.) ? L’auteur entreprend donc toute une enquête pour répondre à cette question, qui le conduit en Ethiopie, où il apprend que l’épouse du Roi Salomon, la Reine Saba, était africaine, et que de là des noirs africains sont entrés dans l’arbre généalogique juif, duquel sont issus les « rastafariens » de jamaïque qui ont mis des inspirations judaïques en musique.

C’est l’occasion, pour le lecteur, de voyager, et de découvrir, grâce au style réaliste de l’auteur des paysages qu’il n’a peut être jamais découvert, avec un rendu fidèle du contexte et de l’architecture. Mais, plus profondément, c’est une réflexion sur l’identité des peuples et leurs racines qui perçe, à travers les rencontres que fait l’auteur et les dialogues qui les animent. De l’Ethiopie jusqu’à New-York, on découvre des hommes et des femmes à la conscience identitaire variée, qui racontent des histoires, anciennes et tombant dans l’oubli.

L’auteur parvient ainsi à découvrir des réponses à ses questions, sur l’origine des références juives de certains groupes reggae, mais laisse ouverte la question des origines et de l’identité de l’homme, même si il n’est pas certain que les origine ethniques et la culture d’un individu définissent intégralement son identité.

Un ouvrage que l’on apprécie et qui fait passer un bon moment.

 

babyloneJérémie Dres – Dispersés dans Babylone
Gallimard, 2014
178 pages – 22 euros