Gwladys Mautret : le temps de la course d’orientation dans l’emploi

Recrutée en 2005 par Impact-UMIJ comme chargée d’insertion pour travailler à mi-temps au sein du Bon Plan, Gwladys Mautret accompagne actuellement une dizaine de salariés en emplois aidés. Depuis sept ans, elle se soucie de trouver le tempo adapté à chacun.

 

Le temps : prendre le temps, mais surtout trouver la bonne temporalité. Le parcours professionnel de Gwladys Mautret lui a appris à accorder une grande place à la dimension temporelle de la recherche d’emploi et de l’insertion. Cela l’a amenée à prêter une attention particulière aux périodes de réorientation. Plutôt que d’insertion, Gwladys Mautret parle en effet souvent d’orientation. Parmi ses expériences professionnelles, celle de conseillère d’orientation a dû plus particulièrement la marquer ! Mais ses autres activités passées lui ont aussi fait comprendre l’importance de la phase de réorientation, après un temps pour se poser et pour faire mûrir de nouveaux projets.

Depuis 2005, au Bon Plan, les formes d’accompagnement que met en œuvre Gwladys Mautret ont une spécificité propre aux chantiers d’insertion. Il s’agit d’accompagner non pas tant vers l’emploi, mais bien dans l’emploi, pendant l’emploi. Cela est bien différent d’un suivi avec un rendez-vous tous les quinze jours dans un bureau à l’extérieur. Gwladys Mautret a le sien dans les locaux du journal, la porte est le plus souvent ouverte. Les contacts sont facilités et cela lui permet de mieux connaître les personnes qu’elle suit.
En revanche, que le journal Le Bon Plan soit un chantier d’insertion où travaillent une majorité de personnes ayant effectué des études supérieures ne constitue pas pour elle une spécificité notable. Elle qui travaille aussi à mi-temps dans un autre chantier d’insertion, l’ADFE, spécialisé dans les espaces verts et le bâtiment, tient à dire que
« les individus sont différents, nous sommes tous différents les uns des autres, mais Le Bon Plan n’est pas à part. Personne n’est à part, nous faisons tous partie de la même société. Il y a des différences : sur les parcours professionnels, la formation. Mais il y a les mêmes besoins, les mêmes fragilités ».

En effet, les personnes au chômage qui un jour se retrouvent à travailler dans un chantier d’insertion partagent souvent des fragilités et des difficultés, au-delà de leurs différences de diplômes et de parcours. Gwladys Mautret part du constat que « sur certains événements de vie, à un moment donné, il y a décrochage, isolement ». La démarche à adopter, selon elle, ne doit pas consister à comprendre le pourquoi du comment de ces accidents de vie, toujours complexes, mais à essayer d’amener du changement : « essayer des choses, aller vers, construire des ponts, un peu comme un passeur », en sachant qu’il n’est pas possible de « prédire ce qui va marcher ou ce qui ne va pas marcher. Les raisons de la transformation, on ne les comprend pas forcément. La nature humaine est étonnante : pas de règles en la matière ».