L’accorderie, échange, entraide et solidarité

New’s FM et Le Bon Plan se penchent ensemble aujourd’hui sur l’accorderie qui est en train de se mettre en place à Grenoble, sur le quartier de la Villeneuve.

« Une belle idée, une belle aventure »

« Une belle aventure », voici ce que nous répond Thierry Hubert, directeur de l’UMIJ (Union Mutualiste pour l’habitat et l’Insertion des Jeunes) , lorsque nous lui demandons ce qu’est l’accorderie. Né au Québec, le concept de l’accorderie commence à s’implanter en France, y-compris près de chez nous puisque Chambéry compte parmi les quelques villes où l’une d’entre-elle s’est mise en place.

L’objectif de l’accorderie ? Lutter contre l’exclusion sociale et renforcer les solidarités en proposant un système d’échanges de services. A Grenoble, c’est sous l’égide de l’UMIJ et de l’association Échange’heures, créée à cet effet, que le projet est en passe de voir le jour, dans l’attente d’un agrément national dépendant du respect de la « charte des accorderies françaises ». Agrément qui vient tout juste d’être officialisé !

« Le bénévolat n’existe plus ! Nous dit Thierry Hubert. Quand on demande à quelqu’un de s’investir bénévolement, ça ne marche plus. » L’accorderie, elle, tend à dépasser le principe du simple bénévolat en instaurant l’idée d’échange : une heure donnée vaut une heure à recevoir. Ainsi, la solidarité se crée à travers un décompte de temps, qui exclut toute transaction financière de son fonctionnement.

Est-ce que cela fonctionne ? « Je ne sais pas si ça va marcher à Grenoble, on n’a pas encore démarré, mais on sait que ça marche à Chambéry, on sait que ça marche à Die, à Paris, au Québec. Dans le fond, c’est du bénévolat, puisqu’il n’y a pas d’espèces sonnantes et trébuchantes, mais on a une petite heure à dépenser pour un autre service que je vais pouvoir m’offrir alors que je ne peux pas me le payer en euros ! »

Jeunes travailleurs, jeunes échangeurs

Un système similaire à l’accorderie, sorte de ballon d’essai, a été mis en place au niveau des résidents des foyeurs de jeunes travailleurs de l’UMIJ, en attendant d’ouvrir le principe à l’ensemble de la population grenobloise, tous âges et toutes classes sociales confondues. Très impliqué dans le projet, Stéphane Dilhac nous exposent les services les plus demandés. « Les besoins les plus récurrents, ce sont surtout les réparations informatiques ou de voitures. La musique aussi est un bon échange. » Ce qui ne surprendra pas au sein d’une population très jeune. Stéphane Dilhac propose lui-même des cours de guitare.

« Le panel de services est vraiment très varié et chacun a des besoins spécifiques. » rajoute le jeune homme, précisant également les services auxquels il ne faut pas s’attendre au sein du réseau de la future accorderie : « il n’y a pas vraiment de limites en soi, mais les massages par exemple peuvent être très compliqués en matière de service, et on ne peut pas faire de soins envers les personnes. Il peut y avoir des problèmes au niveau de la garde d’enfant, il faut un climat de confiance et tout un système de sécurité à avoir. Mais autrement, tous les services sont possibles ».

C’est naturellement avec le temps et l’installation de l’accorderie sur une population plus vaste que la nature de ces services se préciseront. Thierry Hubert n’exclut également pas, et bien au contraire, de travailler avec d’autres structures similaires, comme par exemple les Réseaux d’échanges réciproques de savoir. « On est sur la même philosophie, ce sont les habitants qui vont échanger, et ce sont eux qui doivent prendre des initiatives pour échanger de plus en plus avec d’autres ! »

Échanges gardiens

L’échange est bien le maître-mot de l’accorderie, qui ne demande à ses adhérents aucun autre engagement. « Car au-delà de l’échange, explique Thierry Hubert, on a la lutte contre la solitude, le contact humain, le lien social, se faire des amis, toute une vie normalement qui va s’installer sur l’accorderie. C’est le plaisir d’être ensemble, de lutter contre cette défiance, cette solitude qui pèse aujourd’hui sur les gens même s’ils sont vingt-six mille dans un quartier ! »

C’est également un outil pour remédier aux manques liés à la précarité, permettant à des personnes dans des situations difficiles de bénéficier de services qu’elles ne pourraient autrement s’offrir. Mais l’accorderie n’est pas réservé à un cercle social défini, et veut au contraire concerner le plus de monde possible et favoriser la mixité sociale autant que générationnelle. Thierry Hubert insiste sur cette idée, ne désirant pas que « solidarité » puisse ne rimer qu’avec « précarité ». Et si l’accorderie aura son siège dans le quartier de la Villeneuve, elle est ouverte à tous les résidents de l’agglomération grenobloise.

Comment rejoindre l’accorderie, ou en savoir plus ? Un accueil sera organisé le 23 novembre, derrière le Patio dans le quartier de la Villeneuve, où seront expliqués les buts et les enjeux de l’accorderie. D’ici cette date, les personnes intéressées peuvent appeler au 06 10 41 62 14 ou envoyer un courriel à l’adresse echange.umij@gmail.com. Et ne pas oublier, bien sûr, d’écouter l’émission sur New’s FM jeudi à 12 heures 45 ou sur le site de la CRANCRA