C’est l’histoire de la rencontre entre un ours mal léché et un poussin revanchard, le récit de destins effilochés qui vont se raccommoder au fil des aventures partagées.
Dans la lignée du diptyque Abélard, la bande dessinée Alvin 1. L’héritage d’Abélard nous replonge dans l’univers onirique de Renaud Dillies et Régis Hautière.
À la croisée des solitudes
À la sortie du chantier, Gaston, l’ours grincheux, va s’en jeter un au Georges’S Friends Café, le bar enfumé où les ouvriers se retrouvent pour tuer le temps en tapant le carton. Il y retrouve Purity, la gracile prostituée à la robe rouge à pois blancs. Gaston, c’est un peu son confident, un ours un peu bourru, qui ne veut pas parler de lui, mais qui sait écouter.
Et puis, un soir, Gaston retrouve la jeune femme salement amochée par un de se clients. Elle lui fait promettre d’empêcher que son garçon soit placé à l’assistance publique. Et la vie qui s’obstine à priver Gaston de ceux qu’ils aiment emporte aussi Purity, après avoir emporté son ami le poussin Abélard.
Quand Gaston vient frapper à la porte de la nourrice du poussin Alvin, ce sont deux solitudes qui se rencontrent. Celle d’un môme irrévérencieux et colérique et celle d’un adulte, retranché dans son isolement. Pas de chance, la nourrice n’en veut plus de ce gosse qui la fait tourner en bourrique. De là vont s’ensuivre des recherches infructueuses et cocasses pour trouver une famille d’accueil, un long voyage vers le sud et de drôles de rencontres, entre faux monstres et vrai fanatique…
Du pastel qui adoucit la rugosité
Avec Alvin, Régis Hautière nous plonge dans la vie de Gaston, après la disparition de son compagnon Abélard. Et Renaud Dillies nous montre ce quotidien oscillant entre grisaille d’un appartement triste où tout est rapiécé et ces instants volés de grâce éphémère, les couleurs orangé pastel du soleil qui s’incline, observées du haut d’un building, assis sur une poutre avec un ami, au-dessus du vide…
Entre paroles et silences, les expressions des personnages – croquées en quelques traits de crayons – nous entraînent du mutisme à la colère, du désarroi à la presque-tendresse, toujours avec pudeur. Et on embarque sur les routes avec ces brebis galeuses, sorties très tôt du troupeau et qui tracent leur route coûte que coûte.
Alvin, tome 1. L’héritage d’Abélard
Scénario : Régis Hautière
Dessin : renaud Dilliès
Éditions Dargaud
56 pages / 13.99 €