Permanence budget du CCAS, l’expérience de l’écoute

Cité en exemple à suivre dans le manifeste contre l’exclusion bancaire, la permanence budget du CCAS de Grenoble, couramment appelée plate-forme, constitue bien une expérience originale adaptée à la réalité actuelle. Outil d’aide autant que de prévention, elle permet à des ménages en situation financière fragile d’être accompagnés dans leurs démarches. C’est l’occasion de prendre de la distance avec ses difficultés, de disposer d’un véritable état des lieux et d’envisager des solutions concrètes. Un accompagnement original qui défend une  conception de l’accompagnement où l’individu reste au cœur du dispositif et n’est pas réduit à ses seules difficultés.

 

S’adresser au plus grand nombre

Voilà déjà deux ans que cet outil a été mis en place. « Une vraie dynamique de prévention», explique Marie-Automne Thepot, directrice générale adjointe du CCAS de Grenoble. « Notre but est de lutter contre la stigmatisation. » D’où la mise en place d’une cellule d’écoute : il suffit de téléphoner à une permanence téléphonique pour avoir accès à une conseillère en économie sociale et familiale. Celle-ci est là pour écouter, conseiller, et proposer des solutions. Le but est bien de toucher une population la plus large possible, dont des personnes des classes moyennes, qui, généralement, ne font pas appel aux services sociaux et qui sont pourtant confrontées à des difficultés financières : « Nous voulons nous adresser au plus grand nombre ! ». Et déculpabiliser la personne, le ménage en difficulté qui ont besoin d’une aide.

Réseaux et partenaires

C’est bien un vrai service de conseil. Mais pas de conseillers financiers, tels qu’on les définit dans le secteur bancaire. Ici, il n’y a pas de clients mais des personnes et il n’est pas question d’échanges de services : la neutralité bienveillante de la plate-forme veille surtout à trouver les bonnes solutions pour sortir quelqu’un d’un mauvais pas financier, faire le point sur sa situation financière et accompagner une démarche pour se sortir d’un mauvais pas. Une des particularités de cette expérience est son aspect réseau. La plate-forme du CCAS ne travaille pas seule et établit des partenariats avec des banques (comme la convention Reflex avec la Poste) ou encore GEG. Des partenariats qui permettent de détecter des personnes qui rencontrent des difficultés afin d’anticiper, d’empêcher que la situation ne se dégrade trop vite. Ainsi, une personne qui a des difficultés récurrentes à payer sa facture d’électricité peut se voir proposer par la compagnie d’électricité grenobloise de contacter la plate-forme du CCAS. Même démarche de la Banque Postale qui constaterait des découverts importants chez uns de ses clients. Dans les deux cas, il s’agit d’une incitation à se faire aider et non pas d’une obligation ou d’une injonction. Une démarche qui porte ses fruits comme l’attestent les chiffres : 45 % des gens qui font appel à la plate-forme n’ont pas de référents sociaux.

L’accueil téléphonique, assuré par deux conseillères en économie sociale et familiale, est une première  étape : elle vise essentiellement à voir avec l’appelant ce qui peut être entrepris. Suit généralement une proposition de rendez-vous, afin de faire un état des lieux. Celui-ci donne lieu à un préconisation de solutions avec une possibilité d’accompagnement.  Actuellement, 60 % des personnes reçues relèvent du surendettement.  C’est également un travail d’accompagnement qui est fait pour ces populations : faire accepter de présenter un dossier de surendettement qui constitue un recours nécessaire dans bien des cas.

Une plate-forme laboratoire

Solution innovante, cet outil pourrait se développer dans d’autres villes. Sa notoriété doit beaucoup à une démarche originale qui favorise l’accès à de réelles solutions et développe des outils pour toucher les personnes concernées par les difficultés financières, au-delà des champs d’action classiques. Son dynamisme tient également dans une volonté de s’adapter à la réalité actuelle. De nouvelles pistes sont envisagées pour répondre au mieux à toutes les difficultés qu’un ménage peut rencontrer. D’autres partenariats sont envisagés : avec des associations, des bailleurs sociaux… Le laboratoire ne manque pas d’idées et de solutions.

 

Plate-forme du CCAS
Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h
Ligne directe : 04 76 69 45 94