Quand l’Unedic prévoit 300.000 nouveaux chômeurs

Les prévisions financières de l’Unedic concernant l’assurance-chômage cachent de bien joyeuses choses, sous des dehors pourtant innocents. Décryptage.

Hilare au cimetière

De l’art de dissimuler les mauvaises nouvelles ? Afin de relayer auprès de la presse la mise en ligne de ses prévisions pour les années 2014 et 2015, l’Unedic diffuse un communiqué insistant sur la « stabilisation confirmée du déficit de l’assurance-chômage ». Comment ne pas s’en réjouir ?

Cependant, et les médias n’ont pas manqué de s’en apercevoir, la lecture plus détaillée du rapport dans son intégralité permet de remarquer quelques chiffres qui, pour leur part, incitent nettement moins à l’optimisme.

En quatre paragraphes, l’Unedic livre – en usant bien entendu d’un prudent conditionnel, puisque nous sommes en présence de prévisions – son sentiment sur l’évolution des chiffres du chômage, cette fameuse « courbe » dont l’inversion n’est même plus à l’ordre du jour dans les discours officiels.

Plus on est de fous

Fin 2014 ? Si le « ralentissement des destructions d’emploi marchand » et les contrats aidés s’avèrent bénéfiques, ils ne compenseront pas la « progression de la population active ». En somme, trop de nouveaux arrivants dans le monde du travail, et pas assez de postes à pourvoir. L’Unedic prévoit ainsi 59 000 nouvelles inscriptions à Pôle Emploi pour le deuxième semestre 2014, s’ajoutant aux 91 000 du premier.

L’Unedic annonce également une hausse des demandeurs d’emploi exerçant « une activité rémunérée courte ou a faible intensité horaire ». Et le rapport de se réjouir : « En effet, avec la reprise de la croissance, les activités professionnelles occasionnelles seraient particulièrement dynamiques. » La précarité aussi.

Cerise sur le gâteau empoisonné, la croissance toujours aussi faible et « le ralentissement des entrées en contrat aidé » – que l’Unedic prédit sans plus d’explications – nous promet pour 2015 une augmentation de plus de 150 000 demandeurs d’emploi, soit un taux de chômage atteignant les 10,1 % de la population active.

Au total ? Environ 300 000 chômeurs supplémentaires pour les années 2014 et 2015. Après la « boîte à outils » et le « gouvernement de combat », on ne peut qu’attendre avec une impatience certaine la prochaine métaphore que François Hollande saura opposer à cette dégradation continue et d’ores et déjà prévue de la situation de l’emploi en France.