Asalée, une collaboration médicale au service du patient

Une consultation médicale dure en moyenne entre 15 à 20 minutes. Il est parfois nécessaire d’avoir plus de temps pour des explications ou un accompagnement au rythme du patient. Malheureusement en l’état actuel, les médecins ont de moins en moins de temps. C’est pourquoi ils orientent leurs patients vers les infirmières Asalée présentes dans le même cabinet. Ces infirmières proposent des séances de consultation qui peuvent durer jusqu’à une heure.

L’association Asalée (action de santé libérale en équipe) a été créée en 2004, dans les Deux-Sèvres, à l’initiative du médecin généraliste, Dr Jean GAUTIER. Elle accompagne la mise en place d’un travail pluriprofessionnel entre médecins généralistes et infirmières déléguées à la santé publique dans l’intérêt du patient. L’association s’est élargie au niveau régional en 2008, puis au niveau national en 2012.

À sa création, Asalée prenait seulement en charge les patients atteints de certaines maladies chroniques comme le diabète, la BCPO (bronchopneumopathie chronique obstructive) ou les risques cardiovasculaires. Avec le temps, l’association a élargi sa prise en charge à un plus grand nombre de pathologies et surtout à la prévention. Actuellement le suivi est proposé pour des maladies chroniques telles que les maladies pulmonaires, diabète, troubles du sommeil, repérage des troubles cognitifs, dépistage précoce et accompagnement de l’enfant et de l’adolescent en surpoids ou au sevrage tabagique et autres addictions…

Le système Asalée compte 8742 médecins et 2021 infirmières de santé publique ou de pratique avancée. Elles sont des spécialistes de l’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) qui vise à  aider les personnes souffrant de maladies chroniques à mieux vivre au quotidien grâce à des compétences d’autosoins et d’adaptation. Les infirmières suivent les patients en alternance avec les médecins. Elles peuvent faire des examens cliniques et prescrire des traitements. Si la pathologie reste stable, le suivi avec l’infirmière est suffisant. Au niveau local et national, des temps de formation officiels sont régulièrement organisés avec les médecins.

Nombreux sont les gens qui se privent de soins par manque de moyens financiers. Pour remédier à cette situation, la prise en charge de l’accompagnement par les infirmières Asalée est totalement financée par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. 

« Nous mettons en place un accompagnement individuel ou en groupe selon les configurations ou en fonction du public qui fréquente notre structure. Nous nous adaptons au public reçu et pouvons agir ainsi sur une pathologie pour laquelle les médecins ont moins de temps. Nous aidons les patients à mettre en place des stratégies pour aller mieux et prévenir le développement des maladies. Nous faisons beaucoup de prévention. », témoigne Sandrine Martin, infirmière dans le système Asalée.

Grâce à l’éducation thérapeutique, les patients ont un suivi et une écoute plus approfondis et ils acquièrent plus d’autonomie dans leur vie quotidienne.  

« Il y a beaucoup de traitements prescrits qui ne sont jamais pris ou qui sont pris de façon inadaptée. Ce n’est pas tout de faire une prise en charge si on n’a pas eu ce temps d’explication et d’adaptation. On va prendre le temps de voir où sont les freins, où sont les difficultés pour pouvoir s’adapter aux patients, c’est du ‘sur mesure’ », explique Sandrine Martin.

Le travail de l’infirmière diffère en fonction des types d’accompagnement. En effet :

–       Si le patient n’a aucune pathologie : il est orienté pour un accompagnement, par exemple au sevrage du tabac. Dans ce cas l’infirmière fait de la prévention de premier niveau pour éviter qu’une maladie respiratoire ne se développe.

–       Si le patient a une maladie mais sans conséquence grave : l’infirmière explique au patient la maladie et les risques qui peuvent apparaître. Par exemple, l’infirmière peut expliquer à un patient qui a du diabète les raisons pour lesquelles le médecin lui prescrit régulièrement des prises de sang, et pourquoi il doit être suivi par d’autres spécialistes (cardiologue, ophtalmologue…). Une fois que le patient comprend la raison de ces démarches et les risques qui en découlent, il est plus vigilant.

–   Si le patient a une maladie à un stade plus avancé : l’infirmière a pour rôle d’éviter l’apparition de grosses décompensations. L’infirmière aidera par exemple un patient avec une BCPO ou bronchite chronique afin de lui éviter une décompensation respiratoire. Elle lui explique sa maladie, le traitement, comment l’utiliser en cas de besoin. Le but est d’éviter une hospitalisation ou une dégradation de l’état du patient.

Des temps de concertation entre les infirmières et les médecins sont régulièrement programmés. Parfois on fait aussi participer le patient à ces temps d’échange.

« Asalée fonctionne avec des professionnels de santé qui identifient les problèmes des patients selon la zone géographique dans laquelle ils se situent et adaptent leur proposition d’action en fonction de leur problème. En effet, la difficulté n’est pas la même sur chaque territoire. L’objectif est de créer des accompagnements, selon l’identification de la problématique du terrain. Ce n’est pas descendant comme fonctionnement, au contraire c’est ascendant. On propose des actions de santé sur mesure. Une expérimentation menée sur un territoire va pouvoir être diffusée au niveau national » explique Sandrine Martin.

Le parcours-santé comprend les maladies mais aussi les problèmes de suivis médicaux, l’environnement, les questionnements concernant les traitements, les transports pour accéder aux soins… Pour certains, il est d’abord nécessaire de régler des situations de l’ordre du social, avant de prendre en charge leur santé et se soigner. Dans ces cas-là, les infirmières Asalée font appel aux professionnels du secteur social.

« Nous employons le terme précarité dans le sens très large du terme. Il nous arrive aussi d’avoir recours aux médiateurs de santé » complète Sandrine Martin.

Une expérimentation est faite dans certaines parties du territoire national, qui inclut dans le système Asalée d’autres professionnels de santé, puéricultrices, etc. Si l’expérimentation porte ses fruits, un élargissement au niveau national sera envisagé.