Démocratie en chantier

Ce vendredi 10 mars avait lieu la table ronde « Demain, tous acteurs de la ville ? » dans le cadre de la Biennale grenobloise « Villes en transition ». Retours sur des expériences internationales de démocratie locale.

La deuxième journée de l’édition 2017 de la Biennale grenobloise s’est ouverte sur une table ronde dédiée aux démarches participatives citoyennes à l’auditorium du Musée de Grenoble. Au programme : budgets participatifs, co-construction, pétitions-votations…

« Les personnes participent à partir de l’instant où elles savent qu’elles peuvent décider », c’est ainsi que Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale à Grenoble, introduit la séance – en évoquant la démocratie directe qui se définit comme une démocratie participative décisionnelle.


La démocratie directe plébiscitée

Effectivement, la démocratie directe est plébiscitée par les citoyens – comme le montre l’exemple de Caiscais, une ville côtière portugaise, où le taux de participation aux votes des budgets participatifs représente le double de celui enregistré pour les élections municipales. Une commune qui n’hésite pas à utiliser le vote par SMS pour le rendre accessible au plus grand nombre.

Amener la démocratie dans la cité – c’est aussi la volonté de Sfax, une ville tunisienne, dont le Conseil municipal n’a encore jamais été élu, qui innove avec la mise en œuvre du budget participatif à hauteur de 10 % du budget communal. S’il a fallu convaincre les techniciens, rétifs à l’implication des citoyens, une vidéo retrace les étapes de la construction citoyenne : de la voiture munie d’un haut-parleur géant promouvant la participation aux citoyens impliqués de 15 à 90 ans, on ressent la vitalité toute neuve de cette démocratie locale.

Pour la Wallonie (Belgique francophone) qui met en œuvre son deuxième plan de cohésion sociale basé sur l’accès aux droits fondamentaux dans 2/3 des communes de son territoire, il s’agit d’affiner les outils de participation. En intégrant la démarche Spirale – qui permet aux citoyens de construire une définition et une grille d’indicateurs du bien-être – la Wallonie utilise une méthode, centrée sur le bien-être et non les problèmes, qui est déjà créatrice de cohésion sociale.


De l’international au local

Rassembler et mutualiser les démarches, c’est le credo de la « Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CISDP-CGLU) ». Si le nom à rallonges et le jargon d’experts peuvent dissuader, le réseau fourmille pourtant de bonnes idées, à l’instar de la campagne « Motion zone libre de paradis fiscaux » qui met en évidence les causes mondiales à l’origine d’une part des déperditions des ressources publiques sur les territoires.

À causes globales, solutions locales : dans le quartier de Villeray à Montréal, un réseau de citoyens prépare activement la transition, en lien avec la raréfaction des ressources en hydrocarbures. Le groupe est notamment à l’origine de la mise en place d’agriculture urbaine dans le quartier, une idée qui a essaimé dans la ville entière et nécessité la mise en œuvre d’un nouveau cadre réglementaire : l’exemple d’une initiative citoyenne qui fait bouger les lignes.

Faire bouger les lignes, donner la voix à ceux qui sont à la marge, c’est le sens de l’action de l’association « Parlons-en » venue présenter son action pour les gens de la rue. Si on peut saluer l’ensemble des démarches présentées, une question reste en suspens : un projet doit-il nécessairement passer par un dispositif institutionnel pour avancer ? Quelle place pour la démocratie qui déborde du cadre ? Des questions qui, à elles-seules, auraient mérité un débat.