Entre Éther et Terre

« Le Château des étoiles – 1869 : la conquête de l’espace, volume II » arrive enfin, suite attendue du premier tome. L’histoire continue et prend de l’ampleur dans cette bande dessinée de science-fiction.

Dans ce deuxième volume de « 1869 : La conquête de l’espace », compilant les tomes 4, 5 et 6 du « Château des étoiles », continuent les aventures des chevaliers de l’éther, composés de Séraphin, ainsi que de Sophie accompagnée de son demi-frère Hans. Ils se retrouvent à fuir le château royal de Bavière dans leur engin volant avec sa majesté, le professeur Dulac, et Falstaff, le chien de Hans. Profitant de leur fuite vers le ciel, ils décident d’atteindre les 13 000 mètres d’altitude pour prouver que l’éther existe en démarrant le moteur qu’ils ont fabriqué. Arrivés à la hauteur désirée, le moteur s’enclenche, mais tout ne se passe pas comme prévu : les voilà violemment propulsés dans l’espace. Déboussolés, assommés même, ils ne voient pas se profiler au loin devant eux la lune.

Pack ton steampunk

Entre histoire alternative et physique remaniée, cette œuvre s’invite en 1869 – 1870 et change ce monde. En effet, si les formules mathématiques et les principes de bases de la physique et de la chimie sont respectés, l’addition de l’éther change la donne. L’éther, c’est la composition même du vide spatial, ici considéré comme une source intarissable d’énergie. La lune acquiert même des propriétés qu’aujourd’hui personne n’oserait lui prêter. Alex Alice remodèle le monde comme si les théories de l’époque étaient en partie vraies.

On reconnaît là une certaine nostalgie d’un monde inconnu que l’on retrouve dans le mouvement steampunk, entre machinerie du XIXe siècle, rouages et vapeur. Ce mouvement littéraire se base sur tout un imaginaire autour de la machine à vapeur. Cette énergie alimenterait nos technologies modernes à la place de l’électricité, à grand renfort de rouages et colonnes de fumée de charbon. Cependant, ici l’auteur remplace la vapeur par une énergie mystérieuse et mystique (l’éther), mais garde la même esthétique.

Le Voyage ne fait que commencer !

L’univers graphique, lui, comme l’histoire qu’il sert, nous fait voyager. Avec une aquarelle soigneusement exécutée aux couleurs pastel, et des décors riches et détaillés, l’action s’écoule comme dans un roman de H. G. Wells. Le mouvement lui aussi est fluide. Les personnages quant à eux ont chacun leur propre style. Le roi est représenté avec une certaine touche de réalisme, tandis que Hans est proche du manga des années 80 avec ses attitudes comiques. Bien que le style colle au tempérament des personnages, le tout lui reste cohérent. L’union de tous ces facteurs magnifie une atmosphère de science-fiction contemplative, mariée à l’action retentissante de case en case.

Même dans un monde rêvé, tout ne se passe pas comme prévu. Et l’aventure se fait autant dans le renforcement des liens entre les personnages que dans leur évolution : parfois d’alliés à antagonistes. On voit dans ce « Château des étoiles – 1869 : La conquête de l’espace » vol. II les idéologies se confronter, et comme dans toute histoire bien écrite, il n’y a pas de gentils et de méchants, chaque point de vue est compréhensible.

Le génie d’Alex Alice va bien au-delà de ses dessins seuls ou de son écriture, ces deux aspects fonctionnent ensemble. Comment reconnaître une bonne bande dessinée ? La réponse : quand aucun autre médium ne traiterait l’histoire aussi bien. À la fin de cette bande dessinée, je vous mets au défi de ne pas attendre avec impatience le prochain volume.

 

 

20151014 chateaudesétoiles coverLe Château des étoiles – 1869 : La conquête de l’espace – Vol. II
Alex Alice
Éditions Rue de Sèvres
68 pages
13,50 €