Ça bouge en Rhône-Alpes

La première journée régionale « Mobilité et insertion en Rhône-Alpes » s’est tenue jeudi 08 octobre au Forum. L’occasion de découvrir les expériences menées dans la région et peut-être d’y puiser inspiration et idées.

On parle beaucoup et depuis longtemps d’accès au marché du travail pour désigner la formation, les expériences professionnelles et tout ce qui fait le vécu d’un candidat à l’emploi, mais l’accès concret, physique au lieu de travail n’a que récemment été reconnu comme un aspect essentiel de l’insertion. Car pouvoir aller au travail est aussi important que pouvoir travailler… et trop souvent constitue un obstacle à l’emploi.
C’est pour s’attaquer à ces difficultés que projets et réflexions sont lancés un peu partout ; petit tour d’horizon des pistes explorées en Rhône-Alpes.

En voiture…

La question de la voiture demeure importante dans celle de la mobilité ; l’ère du « tout-voiture » est en train de s’achever mais ce mode de locomotion demeure essentiel et dans certains cas incontournable.

La première étape pour accéder à la voiture est le permis, or celui-ci exige un investissement certain en temps comme en argent… ce qui ne va pas de soi pour des gens en situation précaire. C’est à cette difficulté que s’attaquent deux projets similaires, l’un centré sur Chambéry et l’autre à Grenoble.
L’association Mobil’emploi a mis en place l’ÉCSA (École de Conduite à Statut Associatif), qui a largement débordé de sa ville natale de Chambéry et rayonne aujourd’hui dans toute la Savoie ainsi que dans le Nord-Isère. Elle propose une formation à la conduite via un accompagnement adapté, qui prend en compte le vécu de l’apprenant (difficultés personnelles, dans la maîtrise du français ou encore dans le rapport à autrui) ; il ne s’agit donc pas seulement de développer des compétences techniques, sont également visées des compétences cognitives ou encore l’estime de soi, le savoir-être et le sens de l’organisation et de l’implication. Les tarifs pratiqués sont inférieurs de moitié à ceux des auto-écoles classiques.
Un parcours similaire est proposé à Grenoble, par l’Auto-école citoyenne, en partenariat avec la Plateforme (sic) mobilité.
Dans les deux cas, l’accès à la formation se fait sur orientation par un référant (du Conseil général, d’un CCAS, du Pôle emploi ou directement, à Grenoble, depuis la Plateforme mobilité) en cohérence avec le projet d’insertion.

Une fois le permis en poche, il reste à acquérir une voiture puis à l’entretenir ; encore des dépenses ! C’est ici que se positionne Solidarauto 38, le garage solidaire. Situé à Échirolles, il a pour objectif d’aider à la mobilité professionnelle des personnes en insertion en leur permettant d’acheter un véhicule d’occasion puis de le maintenir en état de marche à des prix très attractifs. Ici, c’est le quotient familial qui sert de critère d’accès au service proposé : il ne doit pas excéder 750€/mois.
Le garage solidaire organise le mardi 27 octobre une journée portes ouvertes, l’occasion pour tous de le découvrir.

… et autrement

Au fond, la question de la mobilité relève de l’ingéniosité : maîtriser ses (moyens de) déplacements de sorte que le transport ne soit plus un problème ou un obstacle pour accéder à l’emploi.

L’association Mobilité 07-26 a imaginé un système qui aide à résoudre les besoins inattendus et ponctuels en matière de véhicule : Locamob et Locauto. Constitués d’un maillage de partenaires dans toute l’Ardèche et la Drôme, ces deux services permettent de louer une mobylette ou une voiture pour se rendre à un entretien d’embauche, une formation et même au travail en attendant que la situation se stabilise et que le locataire puisse se débrouiller par lui-même.
Il suffit d’adhérer (5€) et de déposer une caution qui ne sera pas encaissée (80€ pour Locamob, 250€ pour Locauto) pour avoir accès au service. Les tarifs sont très intéressants : seulement 2€/jour pour une mobylette, 5€/jour pour une voiture. Il est toutefois nécessaire de bénéficier d’une prescription par un référant pour accéder à Locamob et Locauto.

À l’heure de l’éco-responsabilité, la question de la mobilité ne saurait être traitée sous le seul angle des véhicules individuels. D’autres modes de déplacement existent et c’est en utilisant le plus adapté à une situation donnée que chacun peut réellement devenir « mobile ». La Plateforme mobilité de Grenoble s’adresse aux personnes en insertion professionnelle et/ou sociale ; elle les invite à réaliser leur « bilan mobilité », une manière de faire le point sur leurs habitudes en matière de déplacement et sur ce qui peut leur être proposé afin de les améliorer. Elle peut aussi bien aider à maîtriser les outils de la mobilité (apprendre à lire une carte et à s’orienter, à consulter des fiches horaires de transports en commun) qu’aiguiller vers des cours de vélo ou de conduite – elle peut notamment donner accès à l’Auto-école citoyenne dont il est question plus haut.
Une démarche similaire est accomplie à Chambéry par l’Agence écomobilité.

Solutions pour la mobilité, solutions pour l’insertion

Qu’elles soient le fait d’acteurs publics ou privés, toutes ces démarches répondent à la même problématique : un emploi n’existe pas dans le vide, il s’articule avec tous les autres aspects de la vie quotidienne. Il n’est plus possible de décrocher et conserver un travail sans se poser d’autres questions… dont celle de la mobilité.