Evaluer la performance du RSA (3)

Chronique 3
Une réduction de l’intensité de la pauvreté

La mise en place du RSA a-t-elle eu des effets positifs sur la pauvreté, le chômage et l’insertion sociale ?
Fin 2011, un rapport a tenté d’évaluer ce nouveau dispositif d’aides sociales mis en œuvre depuis juin 2009.
Qu’en est-il de la pauvreté ?

Le rapport ne porte que sur les seuls bénéficiaires du RSA activité. L’impact du RSA socle n’a pas été étudié. Prolongation du RMI, ses effets seraient déjà bien connus. De toutes les manières, du seul fait de son très faible montant, il ne permet pas de sortir de la précarité. Le seuil de pauvreté se situe actuellement autour de 950 Euros, et rappelons simplement que le RSA socle est de 475 Euros pour une personne seule.

Le rapport d’évaluation de 2011 ne le dit pas explicitement : la performance du RSA activité pour ce qui est de la pauvreté est limitée. En effet, les données qui sont communiquées mettent en évidence des hausses qui ne permettent pas à un grand nombre de personnes de franchir le seuil de pauvreté.
L’augmentation des ressources n’est certes pas négligeable. Globalement, le RSA activité correspond à une hausse de 18 % du « revenu mensuel médian ». Il passe de 709 Euros à 837 Euros. Mais au total, seulement 78 000 foyers passeraient au-dessus du seuil de pauvreté. Or, en France, plus de 3,5 millions de foyers vivent en-dessous de ce seuil.
Selon les auteurs du rapport, c’est moins la pauvreté elle-même que « l’intensité de la pauvreté » qui baisse, et ceci « sensiblement ». Ces formulations sibyllines sont symptomatiques de la prudence excessive de ce rapport. Comme il est résumé de manière entortillée et peu claire : « Au total, le RSA activité permet de réduire sensiblement l’intensité de la pauvreté, en augmentant sensiblement les revenus des foyers allocataires les plus précaires restant en deçà du seuil de bas revenus » (page 69).

Le problème du « non-recours » (abordé dans une prochaine chronique) expliquerait largement ce manque d’effets positifs. Près de 70% des personnes qui pourraient l’obtenir ne déposent pas de demande de RSA activité.

Malgré ces limitations, le RSA activité a eu un effet positif non prévu : donner une visibilité à tous les travailleurs pauvres peu pris en considération jusqu’ici par les pouvoirs publics. De ce point de vue, le RSA activité « apparaît comme une juste reconnaissance de l’impossibilité pour une certaine catégorie de travailleurs de pouvoir vivre correctement de leur travail en dépit de leurs efforts pour accéder ou se maintenir en emploi » (page 73).

(à suivre…)

Consulter le rapport RSA 2011

En illustration : une variation bleue du logo officiel du RSA.