Fin du « flop » pour le dossier médical partagé ?

Depuis 2004, 500 millions d’euros ont été consacrés au déploiement du Dossier Médical Partagé (DMP) et 85 % des Français sont favorables à sa mise en place. Pourtant, le système peine à se généraliser. Pourquoi un tel blocage ?

Le concept de base est pourtant séduisant : un dossier médical, consultable en ligne, confidentiel et sécurisé regroupant le passé (antécédents médicaux, résultats des laboratoires d’analyses, imagerie…), l’actualité médicale et les traitements en cours de chaque patient.

Un concept séduisant

Alimenté par les professionnels de santé, Il permettrait de coordonner et d’améliorer la qualité des soins pour proposer des examens ou des traitements cohérents tout en évitant les redondances et les prescriptions inutiles. Il pourrait même, dans le futur proche, avoir un intérêt considérable dans la surveillance et la détection précoce de problèmes sanitaires comme cela est déjà prévu aux États-Unis depuis 2013.

Pourtant, à ce jour, au 03 août 2016, seuls 586 387 dossiers ont été ouverts et ils sont, pour la plupart, pauvres en informations. Le coût moyen de chacun des dossiers revient à 1 000 € (un montant dix fois supérieur à celui initialement prévu). Des moyens ont été mis en œuvre pour faciliter l’ouverture des DMP sachant que désormais 80 % des logiciels sont compatibles.

Il semble que les professionnels de la santé ne s’approprient pas encore cet outil de diagnostic car il ne serait pas partageable avec tout le personnel médical. Il manquerait même de fiabilité car il laisserait aux patients la possibilité de masquer certaines informations indispensables. Par ailleurs, les malades, surtout ceux atteints de pathologies lourdes impliquant un grand nombre de professionnels de la santé différents, ne seraient pas suffisamment informés de l’intérêt de la vision complète de leurs antécédents médicaux.

Objectif : 65 millions de DMP20160805 assurance maladie

Aussi, afin d’accélérer le déploiement du DMP sur le territoire, les assurés devraient bientôt être encouragés à créer leur carnet de santé virtuel d’ici fin 2016 sans le passage obligatoire par un médecin qui pourrait, de son coté, se voir proposer un intéressement par l’Assurance Maladie.

D’autre part, le DMP contiendra toutes les données de santé du patient et permettra de suivre les soins sur une période d’un an avec des indications précises et complètes de la situation médicale des assurés : pathologies en cours, antécédents, allergies médicamenteuses, traitements, motifs et comptes-rendus de consultations, résultats d’analyses, courriers des spécialistes, vaccinations, dates des derniers dépistages (mammographie…) et enfin des informations utiles les cas les plus graves (personne à prévenir en cas d’urgence, choix du don d’organe et les souhaits de fin de vie).

Fait notable, l’Assurance Maladie alimentera directement le DMP avec les données de remboursements de soins et un historique consultable de 12 mois glissants.

 

Pendant le premier semestre huit départements pilotes expérimenterons ce nouveau dispositif avant sa généralisation sur tout le territoire à partir de la fin de l’année 2016. La médecine de ville initiera le mouvement avant d’associer les hôpitaux puis les cliniques et enfin les établissements d’accueil pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Pour accompagner ce processus, une application smartphone sera mise à disposition. Le déploiement du DMP sera donc peut-être enfin déployé à partir de 2017, soit dix ans après la date initialement prévue !