Pour en finir avec l’inégalité

François Dubet, sociologue français, publie un nouvel ouvrage sur les inégalités dans lequel il analyse l’évolution et la crise des liens sociaux.

Nous sommes de moins en moins sensibles aux inégalités. Si notre culture a connu un idéal de fraternité et de solidarité, dû aux liens religieux et républicains, cet idéal, aujourd’hui, explique François Dubet, se défait. Pourquoi ? Et que faire ? Ce sont les questions principales de l’ouvrage.

Les inégalités existent : inégalités sociales, économiques, sexuelles, culturelles. Mais on n’a plus vraiment de raison de s’y opposer. Pire : on commence, aujourd’hui, à considérer qu’elles sont normales et naturelles. François Dubet s’inquiète qu’a une culture des droits succède une culture du mérite. On considère que ceux qui n’ont rien n’ont que ce qu’ils méritent. On trouve même injuste de cotiser pour eux, considérant qu’ils sont responsables de leur situation sociale. Et du coup on est moins enclin à lutter contre les inégalités.

C’est donc une crise des valeurs fondamentales de notre culture : « Le problème est de savoir ce qui pourrait aujourd’hui fonder une mobilisation en faveur de la solidarité. ». Pour François Dubet, nous avons tous en commun de travailler, d’avoir des revendications et d’attendre la reconnaissance sociale. Nous partagons la même culture et la même économie. Mais avec la mondialisation, l’économie devient pour nous quelque chose qui nous dépasse, et avec l’immigration notre culture, notre tradition religieuse notament, devient relativisée.

Donc il faut aujourd’hui « produire de la fraternité ». Non pas, car c’est le danger qu’il dénonce, par un retour à la tradition ou en rétablissant le nationalisme, mais en comprenant que  la diversité est une richesse. Il faut accepter chacun dans sa singularité, et donc intégrer chacun dans notre société. Il faut en finir avec les inégalités sociales et les ghettos. Chacun doit avoir sa place dans notre pays. Et c’est à cette condition que toutes les compétences individuelles pourront se développer. Ce petit ouvrage est très intéressant : on sent une vraie compétence, et son niveau n’ombrage pas son accessibilité. Il peut s’avérer très utile pour réfléchir sur les questions de société d’aujourd’hui, et sur la relation humaine en général.

 

20141126 dubet3François Dubet
La préférence pour l’inégalité
Seuil, 2014
11,80 euros