L’après Esmonin

Que sont devenus les roms d’origine roumaine qui vivaient à Esmonin ? Avant la rentrée, nous avons rencontré Cédric Gonsaud, chargé de mission à Roms Action, pour faire le point sur la situation.

Au début du mois de juillet, vivaient encore près de 300 personnes sur le bidonville d’Esmonin dont une majorité de ressortissants roumains. De nombreuses familles – ne sachant pas si elles seraient relogées – ont préféré quitter le site avant le démantèlement. Certaines d’entre elles se sont réinstallées dans d’autres squats ou campements de l’agglomération, tandis que d’autres sont reparties en Roumanie et reviennent, pour beaucoup, pour la rentrée scolaire.

Des solutions de relogement partielles

Sur le site d’Esmonin, seules 142 personnes étaient présentes lors du démantèlement. 50 personnes ont été placées sur le site du Rondeau tandis qu’une cinquantaine d’autres étaient relogées à l’hôtel. Si l’on peut se réjouir que des solutions d’hébergement soient proposées, elles restent quantitativement partielles.
Par ailleurs, les logements à l’hôtel restent des solutions transitoires pour les familles. Il y est souvent interdit de cuisiner et certaines familles doivent se rendre sur des camps à proximité pour préparer les repas. Pour Cédric Gonsaud, les roms ont avant tout besoin d’un hébergement stable et d’un accompagnement par les travailleurs sociaux afin de pouvoir se projeter dans des objectifs de scolarisation pour les enfants et d’accès à l’emploi pour les adultes.

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La volonté de scolariser

La rentrée scolaire est au centre des préoccupations des familles. Même si les écoles ne sont pas proches du lieu de vie, les parents préfèrent emmener leurs enfants dans l’école déjà fréquentée l’année précédente si l’enfant s’y était bien intégré. À Esmonin, la plupart des enfants étaient scolarisés, même si certains n’avaient pu intégrer une classe qu’au mois de juin, faute de places disponibles dans les écoles. De plus, Roms Action a mis en place un système de référents bénévoles d’école qui font le lien entre enseignants, directeur(trice) et les familles roms.
Cette rentrée restera chaotique pour les familles qui se sont réinstallées dans des squats et qui vont être expulsées prochainement.

Des freins administratifs à l’intégration

Par ailleurs, des freins administratifs rendent difficile l’accès au droit commun pour les roms. L’accès au logement en est un bon exemple : une déclaration d’impôts est nécessaire pour faire une demande de logement social. Or, il faut fournir une domiciliation fiscale pour obtenir la déclaration d’impôts. Une simple domiciliation postale ne suffit pas. Cédric Gonsaud nous cite l’exemple de cet homme Rom qui travaille et cotise en France, mais qui est bloqué dans son processus d’intégration, faute de disposer d’un domicile fiscal.

Ces méandres administratifs ralentissent l’accès au droit commun pour des familles qui ont un réel désir d’intégration en France. Un souhait qui s’exprime aussi par la volonté d’apprendre le français : l’association propose des cours de français et la liste d’attente pour en bénéficier est déjà longue…
Et Roms Action de rappeler que ces démarches d’intégration nécessitent avant tout la stabilité du lieu de vie, aussi modeste soit-il. Alors que la France s’est engagée à accueillir 24000 réfugiés en deux ans, quelles actions vont être mises en place pour proposer des solutions d’hébergement pérennes ? La population Rom sera t’elle intégrée aux dispositifs mis en place pour les migrants ? Nous continuerons à relayer l’information sur l’intégration de la population Rom en Isère.