L’Isère au front

Comme chaque département français, l’Isère a payé un lourd tribut au massacre de la Grande Guerre. Une part d’Histoire qui se devait d’être mise en valeur en cette période de commémoration.

Douze hommes en Isère

« Nous aurions tort de ne pas nous référer à l’Histoire, car son rôle premier est bien d’éclairer le présent ». Ainsi se conclut la nouvelle exposition temporaire du musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble, fidèle encore une fois à son devoir de mémoire et sa mission d’enseignement du passé, aussi douloureux puisse-t-il être.

Au delà du centenaire du déclenchement des hostilités, parler de 14-18 en ce lieu si particulier n’a rien d’incohérent : les conséquences de la Première Guerre Mondiale, loin d’être la « der des ders » tant espérée et tant clamée par les propagandistes, ne seront que haines larvées, rancoeurs et rancunes, jusqu’à l’avènement d’un fascisme prompt à exploiter toutes les frustrations et du nouveau conflit mondial qui s’en ensuivra.

Ainsi qu’une carte présentée au début du parcours le rappelle, des milliers d’Isérois ont été acteurs de la Première Guerre Mondiale, et beaucoup d’entre-eux n’en ont pas vu la fin. En choisissant de mettre l’accent sur douze portraits différents, le musée illustre la diversité des profils, des hommes et des femmes qui seront impliqués d’une manière ou d’une autre dans cette déferlante guerrière.

Qu’il s’agisse de la famille Ferrier, une fratrie décimée par la guerre comme tant d’autres, du grenoblois Daniel Jolland qui survivra à quatre années de captivité, de Benoît Manillier qui sera fusillé pour l’exemple, de l’italien Angelo Negri qui mourra pour la France le 9 janvier 1915 ou de l’infirmière Anne-Marie Giroud qui sera infirmière bénévole auprès de la Croix-Rouge dès l’âge de seize ans, chacun porte en lui une part d »Histoire, parle en tant qu’individu du peuple qui a traversé un conflit aux proportions ogresques.

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Le chagrin et la mémoire

Comme à son habitude, le musée propose aux visiteurs de nombreux documents pour illustrer, en plus des élégants portraits et textes explicatifs disposés tout au long du parcours, la vie de ces hommes et de cette femme. Des lettres, des cartes, des photographies, et jusqu’au procès-verbal de l’exécution de Benoît Manillier qui fait froid dans le dos. Ainsi que des objets qui témoignent de leur époque, tel ce coupe-papier taillé dans une cartouche de carabine Remington, ou même un débris de l’avion de l’aviateur bien prénommé Célestin Pégoud, abattu en 1915.

Pièce-maîtresse de l’exposition, visible jusqu’au mois de février 2015 : un authentique camion Berliet de 1913, qui sera utilisé en 1916 sur la fameuse « voie sacrée », reliant Bar-le-Duc à Verdun. L’occasion pour l’exposition de revenir sur les aspects technologiques de la guerre, où camions, avions et dirigeables deviendront des éléments-clés au sein des hostilités.

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Mais le musée n’oublie pas sa volonté d’interactivité et d’implication des visiteurs, qui pourront également profiter de deux bornes informatiques, l’une permettant d’accéder à des biographies et des témoignages d’Isérois acteurs de la Grande Guerre, l’autre offrant une interprétation narrée et documentée des douze parcours témoins de l’exposition, en partenariat avec le Créarc et ses comédiens.

Encore une fois, le musée de la Résistance et de la Déportation propose à ses visiteurs une exposition qui fait sens, instructive et vivante, bien éloignée de certaines célébrations opportunistes ou larmoyantes que des marchands d’Histoire peu scrupuleux veulent nous asséner, dans nos salons comme dans les rayons de nos librairies.

20141215 poilus5Poilus de l’Isère
Du 12 novembre 2014 au 18 mai 2015
Musée de la Résistance et de le Déportation
14 rue Hébert, Grenoble
Ouvert tous les jours sauf le mardi matin
Entrée libre