La roue de l’infortune

Faites fructifier votre argent au delà de ce que peuvent vous faire espérer les placements bancaires habituels. Jusqu’à la désillusion. Comment les ventes pyramidales, roues d’abondance, Karus vous font miroiter l’accès à une petite fortune pour mieux vous délester de vos économies.  L’escroquerie est pavée de bonnes intentions.

Gagné ?

Tout commence par une conversation avec un proche : il existerait une méthode unique pour multiplier ses économies par dix, vingt, cent. Il suffirait pour cela de participer régulièrement à des réunions après un apport d’argent initial (500 € minimum). Voilà qui nous fait prendre place dans l’avion, la roue, la pyramide (le processus est identique, seul le nom change)… à la dernière place. Pour accéder à la tête de cette structure et décrocher le jackpot, il vous faut parrainer deux personnes qui vous élèveront d’un cran et qui, à leur tour, chercheront et convaincront des filleuls  pour garantir votre ascension vers le pactole. La clé de la réussite ?Une pseudo-logique mathématique simpliste se limitant à une addition et évacuant les calculs de probabilités courants dans les calculs d’économistes.

Perdu !…

Pour Martine S., invitée par un ami à participer à une de ses réunions , « tout était fait pour faire régner une certain convivialité. On ne parlait pas de gains mais de partager, de s’entraider pour finaliser des achats importants. On évoquait une tradition de s’enrichir qui venait du Pérou.. » Gâteaux faits maison, boissons sans alcool : une atmosphère de confiance qui balayera au plus vite les questions insidieuses. « Tout est dans la charte !  me répondait on lorsque je demandais des précisions. » La charte ? Un engagement que l’on se passe de main en main durant la séance mais que l’on ne conserve pas. Elle explique aux membres l’engagement solidaire qu’ils acceptent, leur demande une certaine discrétion et  leur annonce que toute résiliation est impossible. Un « contrat » tout à fait illégal tant dans son contenu (depuis quand ne peut-on résilier un contrat ?) que dans sa forme (comment un contrat peut-il exister sans signature des deux parties ?), mais qui suffira apparemment pour convaincre certaines personnes d’investir jusqu’à la totalité de leurs économies. Sans même un reçu comme preuve de cet investissement !

« Chacun se présentait avec un pseudo et parlait de son projet. » Pour Bambi, l’achat d’une voiture, Aladin , un voyage en Amérique Latine. L’organisatrice de la réunion veille à faire parler tout le monde et à installer une bonne ambiance mais n’oublie pas de récupérer discrètement l’argent apporté par les nouveaux adhérents. Ceux-ci seront conviés à de nouvelles réunions probablement chez des gens qu’ils ne connaissent pas, dans des lieux improbables. A eux désormais de convaincre et d’entretenir un système poursuivi par la loi et dont la courte durée de vie ne permet pas d’avoir les résultats attendus.

Curieusement depuis quelques mois, ces réunions ont repris  dans la région grenobloise :  en Matheysine, dans le Trièves et sur l’agglomération grenobloise.  Peut–être serez vous approché pour entrer dans la roue. Méfiez-vous des promesses de placements miraculeux : ils peuvent rapidement se transformer en cauchemar.