L’Angle Mort, Hame/La Rumeur, Casey, Zone libre, T-Rec, 2009

L’idée de ce projet c’est que fédérer du rock et du rap en dissidence, c’est fédérer différents publics pour fédérer différentes colères.

Des musiciens venant de différents groupes de rock (Noir Désir, Sloy…) produisent un son lancinant et distordu à base de guitares stridentes, sur un rythme répétitif tendu comme un nerf à vif, qui rentre en résonance avec les voix de Hame, chanteur de l’excellent groupe de rap La Rumeur (Regain de tension, Du cœur à l’outrage), et de Casey (Ennemi de l’ordre), rappeuse au flow puissant.
Cette rencontre se fait « au point d’impact des colères, à contre-courant envers et contre toutes les muselières à la périphérie des genres, au cœur des poudrières » l’Angle Mort, pour former la bande-son idéale d’une société paranoïaque et sécuritaire où les hommes sont traqués, où la jeunesse est sous surveillance (la chanson E.L.S.A. sur des drones qui survolent les cités. « Je ne supporte pas la promiscuité des mouchards », rappe Hame) et où l’homme ne devient plus qu’une ombre, un zombie, « et moi qu’on nomme l’individu bas de gamme, qu’on me dégomme sur le macadam serait le minimum, je sais, je traîne, je sens, je gêne, inutile d’en rajouter j’ai déjà purgé ma peine », dans le fort Purger ma peine où l’on voit tout le travail sur les mots qui rebondissent, se heurtent les uns les autres, à coups d’assonances, de dissonances, de rimes internes pour aboutir à un album dont la puissance risque de retentir longtemps des cités les plus isolées au centre des villes.