Le Relais Ozanam privé de 115…

Depuis dix ans, le numéro d’urgence 115 était géré en Isère par le Relais Ozanam, association adhérente de la FNARS (Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale), dédié à l’hébergement et au logement des personnes en difficulté sociale. Mais le 22 septembre, l’association La Relève a fait savoir sur son site que la gestion du 115 faisait désormais partie de ses prérogatives, sans s’étendre sur les raisons de ce changement ni, d’ailleurs, mentionner le Relais Ozanam.  

Afin d’en savoir plus sur les conditions et les raisons de ce passage de témoin, nous avons contacté Francis Silvente, directeur du relais Ozanam, qui a bien voulu nous accorder quelques minutes de son temps pour nous faire part de son étonnement autant que de son amertume.

L’appel à projet lancé par le préfet de l’Isère en juillet était déjà un élément surprenant, pour Francis Silvente : « c’était la première fois qu’il y avait un appel à projet sur le département concernant une activité déjà gérée par une association. Jusqu’à présent, les appels à projet concernaient plutôt les nouveaux dispositifs, ou les extensions de ceux déjà existants. L’association s’est donc interrogée sur les raisons pour lesquelles un appel à projet était lancé sur une activité qu’elle gérait. »

Le Relais Ozanam a répondu à cet appel à projet, et son directeur insiste sur le sérieux de leur réponse : « on voyait bien que, sur la question du 115, il y avait certainement des améliorations à prévoir. Nous avons donc répondu en faisant à la fois un diagnostic sur le 115 et les propositions qui rentraient dans le cadre de l’appel à projet. »

C’est donc au final le projet de l’association La Relève qui a été retenu. « Cela s’est fait à partir d’une grille d’évaluation qui nous a été communiquée suite à notre demande, et sur laquelle nous nous interrogeons également. »

« Je pense que la décision repose plus sur des questions de positionnement de l’association sur le lien avec l’État. Un positionnement plutôt comme prestataire que comme partenaire. Mais ce n’est pas très clair. » Et Francis Silvente de déplorer l’absence de transparence qui a accompagné cet appel à projet.

Président de la FNARS nationale, Louis Gallois a interpellé le Préfet de l’Isère afin d’obtenir des éclaircissements sur cette question. Une lettre à laquelle Samuel Richard à répondu longuement. « C’était la première fois que l’on avait des précisions, mais l’on s’interroge aussi sur le contenu de cette réponse. » conclut le directeur d’Ozanam, sans souhaiter entrer dans les détails.

La perte de cette activité pose naturellement des difficultés à l’association. Si elle représente une légère perte financière, elle ne met aucunement en péril les finances du Relais Ozanam. En revanche, elle peut constituer une perte de crédibilité. « C’est toujours difficile de se faire enlever une activité, tant en matière d’image que vis-à-vis des autres partenaires. »

« Il nous semble que cela devient de plus en plus compliqué d’être une association qui revendique d’être à la fois sur un volet “ valeurs ” et sur un volet “ expertise ”. Historiquement, nos associations ont toujours été sur ces deux pieds-là : autant dans l’interpellation, à travers des réseaux comme la Fondation Abbé Pierre ou la FNARS, que dans un registre beaucoup plus technique en matière de construction des politiques publiques. »

Francis Silvente laisse ainsi clairement entendre que l’État ou les collectivités se tournent aujourd’hui vers des associations qui se positionnent avant tout comme des « opérateurs », ce qui est le cas selon lui de La Relève, qui n’est pas « dans l’interpellation et l’affiche clairement », tout en précisant que ce n’est pas « leur faire injure » que de le spécifier.

Le Relais Ozanam ne s’est d’ailleurs jamais permis de critiquer publiquement les associations qui ont répondu à l’appel à projet, même si son directeur ne manque pas de s’étonner de l’absence totale de concertation entre associations, qui était jusqu’ici de coutume…

Nous avons tenté d’obtenir le point de vue de l’association La Relève, mais ses responsables nous ont indiqué ne pas être disponibles actuellement.