Les associations, le bec dans l’eau ?

Des espaces publics de proximité qui permettent l’élaboration de projets caractérisent assez bien les associations. La crise financière et économique passant par là, a-t-elle eu un impact sur le fonctionnement et l’emploi en leur sein ?

L’événement « YESS ! », mi-septembre à Grenoble, a fait découvrir au plus grand nombre ce qu’est exactement l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Dans ce secteur d’activité, on retrouve une grande majorité d’associations, à savoir 59% dans l’agglomération grenobloise en 2006, dernier chiffre disponible selon AIRES (Association d’Information et de Recherche sur l’Economie Sociale). Ces structures ont pour vocation de répondre aux besoins de solidarité et de rétablir le lien social, ce qui nécessite d’embaucher du personnel.

La plus grande majorité n’ont pas de salariés. Pour une minorité, les associations sont des employeurs qui recherchent des compétences spécifiques. Près de la moitié des salariés exercent une activité ayant un rapport avec le domaine social. S’en suivent principalement le secteur de l’enseignement, de la santé, de la culture et des activités sportives. L’an dernier au niveau national, les 178.000 associations employeurs ont salarié 1,7 million de personnes. L’étude « Repères sur les associations en 2010 » de Recherches & Solidarités démontre que les créations de postes sont constantes et régulières au niveau national sur les dix dernières années. Ceci étant, ces emplois sont souvent à temps partiel avec une part importante de CDD de moins d’un mois. Seulement 8% des salariés sont en CDI. Ce pourcentage s’explique par la faible visibilité à établir un budget équilibré. En effet, les associations peuvent se financer de trois manières, à savoir les dons, le mécénat et l’activité économique, la crise n’arrangeant en rien la situation.

Le problème de beaucoup d’entre elles est de pérenniser d’une part la structure en elle-même et d’autre part les emplois. Ce qui est alarmant, c’est qu’un tiers seulement des dirigeants considèrent leur association en bonne santé et les prévisions sont plutôt pessimistes : 44% des dirigeants de ces structures (52% chez les employeurs) pensent que le plus dur est encore à venir. Ce constat pousse certains porteurs de projets associatifs à reporter leur création. En effet, on remarque un recul des créations sur 2009-2010 après un pic en 2008-2009. Au niveau local, « près de 1000 associations sont créées en moyenne chaque année dans l’agglomération grenobloise », affirme Mme CHAUVEAU, secrétaire générale d’AIRES. Pour donner un ordre de grandeur, ce chiffre n’était que de 548 en moyenne par an entre 2001 et 2005. Néanmoins, on peut relativiser concernant les créations puisqu’il n’existe pas de données sur les défaillances, contrairement aux entreprises, permettant de mesurer l’impact réel de la crise.

Est-ce que trop d’associations tue les associations ? Peut-on faire un lien entre la déferlante des réseaux sociaux sur Internet et la vie associative réelle ? Le fait de retrouver bon nombre d’associations sur ces réseaux permet de suivre une tendance qui a pour finalité de recruter de nouveaux adhérents et de collecter des dons. On assiste depuis peu à des regroupements de ces entités pour former des coopératives et ainsi avoir plus de moyens pour perdurer.