Les ateliers et chantiers d’insertion en sursis ?

Le 3 novembre dernier, les ateliers et chantiers d’insertion (ACI) et leurs salariés ont manifesté en nombre devant la préfecture de l’Isère, révoltés par l’annonce brutale de la Région bloquant tout renouvellement de contrats d’accompagnement à l’emploi (CAE) et n’autorisant aucun recrutement jusqu’à la fin de l’année 2010. Une situation vécue comme un cauchemar !

 

 

Les ateliers et chantiers d’insertion, conventionnés par l’État, fonctionnent par l’emploi de personnes en contrat unique d’insertion (CUICAE). Considérés comme un tremplin vers le retour à l’emploi, les ACI offrent un accompagnement socio-professionnel aux salariés (formations, périodes d’immersion en entreprise, prise en charge de la santé…). Ces structures permettent d’acquérir des compétences, de retrouver confiance en soi, de se mobiliser pour un projet professionnel, tout en bénéficiant d’un cadre, d’horaires de travail et d’un salaire* ! À la mi-octobre, la préfecture de Région a annoncé que les enveloppes finançant les CAE avaient été consommées, car certains départements, Isère exclue, avaient mal géré leur enveloppe budgétaire.

Suite à la mobilisation, soit plus de 350 personnes, un déblocage de 2 100 postes a été obtenu avec une priorité pour les ACI. Ce fut un soulagement, car auparavant, dans les ACI, tout semblait comme suspendu, l’angoisse augmentait. Que serait-il advenu de la production des ACI en effectif réduit ? Certains, comme  » Valoripain « , auraient dû fermer faute de chauffeur-livreur. Au journal Le Bon Plan, un poste d’infographie en moins n’aurait pas permis de réaliser ce numéro. Françoise Dembelé, co-présidente de Territoires Insertion 38, réseau des ACI, nous expliquait :  » L’État a des exigences vis-à-vis des chantiers en terme d’encadrement par l’activité et d’accompagnement des personnes, mais lui ne respecte pas ces engagements. Cela crée des drames humains. Brutalement, on est obligé d’annoncer aux salariés que ce qu’ils ont entrepris dans les ACI s’arrête, on ne peut pas renouveler leur contrat ni les envoyer en formation. Il n’est pas permis d’embaucher de nouveaux salariés, il faut donc annuler les contrats signés deux semaines auparavant ! Cela met les gens dans des situations catastrophiques, car grâce à la promesse d’embauche, ils avaient pu obtenir un hébergement !  » Les salariés étaient dépités, choqués.

On leur avait promis de pouvoir travailler, de suivre une formation, et soudainement, tout était annulé. Plus près de nous, notre collègue Nolwenn nous confiait :  » J’ai beaucoup d’inquiétudes. Comment faire sans ressource en période hivernale ? Au moment où tu te lances, on t’enlève le perchoir ! Je ne suis plus motivée, je n’ai pas d’autres alternatives que les petits boulots !  » De quoi être révolté face à l’État qui se désengage de plus en plus de la solidarité. Ce sont toujours les plus fragiles qui payent alors que le bouclier fiscal dont bénéficient quelques privilégiés leur a permis d’économiser près de 413 millions d’euros. L’injustice atteint son paroxysme quand l’État annonce, après cela, qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses pour financer les contrats aidés ! Pour 2011, espérons qu’il arrivera à rectifier l’équilibre.

(*)Voir article de S. Poletti et E. Badache, Bon Plan n° 105,  » S. 30 ans, bac+5, Rmiste & en chantier d’insertion«