Pour une typologie des bénéficiaires du RSA

Qui sont les bénéficiaires du RSA, et quels sont leurs profils ? C’est à cette question que la CAF essaye de répondre à travers un dossier publié en début d’année.

Rencontre de tous les types

Devenir bénéficiaire du RSA, c’est entrer dans une logique de droits et de devoirs. Les devoirs, naturellement, concernent les démarches que doivent entreprendre les personnes dans le but d’aller vers l’emploi ou, selon les cas, l’insertion sociale. Dans cet esprit, chaque titulaire du RSA socle a droit à un accompagnement personnalisé et adapté à sa situation. C’est dans le cadre de cet accompagnement que la CAF peut recueillir des statistiques afin d’établir une « typologie » des bénéficiaires du RSA.

Le dossier s’articule autour de quatre graphiques, chacun s’attachant à un aspect particulier : le premier concerne l’âge des bénéficiaires, le second leur niveau d’étude, le troisième leur condition de logement et le quatrième leur mobilité. À chacun de ces quatre critères, résolument tournés vers des considérations professionnelles, sont rapprochés les profils les plus courants des titulaires du RSA : les personnes en fin d’études, celles en fin de droit au chômage, les femmes en situation d’isolement et les personnes de plus de 55 ans. La dernière catégorie, sous l’appellation « passé non connu », désigne les personnes n’ayant pas fourni d’informations concernant leurs antécédents vis-à-vis des minima sociaux.

Si les choix de présentation et les méthodologies de la CAF peuvent laisser perplexes, notamment en raison de la lisibilité restreinte des graphiques qui interroge le néophyte, les conclusions de ce travail statistique apportent des renseignements loin d’être négligeables, quoique généralement prévisibles.

RSAGE

En ce qui concerne l’âge des bénéficiaires, on remarquera que le RSA se répartit de manière relativement harmonieuse sur les différentes tranches d’âge. Pour autant, ce sont les personnes ayant entre 25 et 29 ans et, dans une moindre mesure, celles ayant de 35 à 44 ans qui apparaissent en plus grand nombre parmi les bénéficiaires. On constate que ces chiffres coïncident directement avec les fins d’étude et les fins de droits au chômage. En somme, le RSA semble un passage obligé pour certaines personnes sortant de formation, et apparaît hélas comme l’étape ultime de la personne ayant épuisé ses droits au chômage sans avoir pu retrouver un emploi.

À noter que les femmes en situation d’isolement représentent une part importante des personnes de moins de 25 ans percevant le RSA sur dérogation, puisque cette allocation n’est pas censée concerner cette tranche d’âge. Parmi ce groupe, les femmes de 35 a 44 ans sont également très représentées. Dans les deux cas, l’étude illustre combien les problématiques familiales pèsent sur la précarité féminine.

RSA et savoir

Signe des temps ? On constate en tout cas qu’en matière de niveau d’étude, parmi la population en fin d’étude, ce sont les personnes ayant fait des études supérieures qui ont en majorité recours au RSA. La question des études peu ou pas professionnalisantes est ici posée. Il est souvent reproché  aux universités françaises de ne pas assez prendre en compte l’insertion dans l’emploi de leurs étudiants. Les chiffres de la CAF semblent aller dans ce sens.

Autre chiffre lourd de sens : près de 40 % des bénéficiaires du RSA de plus de 55 ans n’ont aucun diplôme ou n’ont jamais été scolarisés. On voit ici combien l’absence de qualification est un frein supplémentaire à l’emploi des seniors, alors qu’elle est beaucoup moins pénalisante pour les jeunes générations.

Cherchez le mobile

En matière de logement, les conclusions de l’étude indiquent des directions similaires en fonction des profils. La majorité des bénéficiaires du RSA dispose d’un logement autonome. Le chiffre est toutefois plus modéré chez les personnes en fin d’études, généralement jeunes et occupant encore pour beaucoup le domicile parental. Mais la proportion des personnes occupant des logements précaires ou temporaires est restreinte, ce qui ne signifie pas que les « logements autonomes » occupés par les bénéficiaires du RSA sont satisfaisants du point de vue du confort ou de la salubrité.

Pour ce qui est de la mobilité, la diversité est en revanche de mise. Sans surprise, ce sont les personnes venant de finir leurs études qui se disent les plus mobiles, prêtes à changer de département si besoin est. La proportion est beaucoup plus faible lorsqu’il est question des femmes en situation d’isolement ou des personnes de plus de 55 ans. Celles-ci sont avant tout mobiles à l’intérieur de leur commune, mais n’affichent pas de possibilités de changer de département. Les implications matérielles comme familiales pèsent évidemment sur la mobilité : on ne s’étonnera donc pas que les jeunes puissent plus aisément changer de lieu de résidence qu’une personne ayant construit une grande partie de sa vie dans un environnement précis.

Conclusions

Nous ne dressons ici qu’un regard rapide sur les différents graphiques proposés par la CAF et les conclusions que l’on peut en tirer, qui nous permettent de voir que la typologie des bénéficiaires du RSA en France reflète en grande partie l’état des enjeux sociaux de notre pays, tant au niveau de l’emploi des jeunes ou des seniors qu’en matière de précarité, d’isolement ou de chômage.

Les personnes désirant avoir plus d’informations auront donc tout intérêt à lire le dossier publié par la CAF qui propose un décryptage plus en profondeur des données de cette étude, plus clair au demeurant que les graphiques sur lesquels celle-ci est construite.