Spartacus & Cassandra, épopée réaliste

Ce reportage/documentaire relate le parcours de vie de Spartacus et Cassandra, deux frères et sœurs Rroms après le démantèlement annoncé du cirque de fortune d’un terrain vague du 93 dans lequel ils vivent, ou plutôt survivent.

Le garçon égrène des éléments pour le moins marquants de sa vie, année par année, comme un éleveur d’éléphants de cirque décortiquerait des cacahuètes, une à une. «A quatre ans, je faisais la manche». C’est ainsi que commence Spartacus et Cassandra, tranches de vie de cette famille, ramenée par diverses circonstances à être réduite à ce garçon, Spartacus, treize ans, et sa sœur Cassandra, dix ans, qui n’ont au final que l’un l’autre sur qui compter.

C’est dès le début de ce film que se pose la question suivante : quelle serait la meilleure (voire la « moins pire ») décision à adopter : se séparer de leur père (alcoolique et violent), de leur mère (psychologiquement fragile) et être placés en famille d’accueil afin de continuer à aller à l’école, s’assurant potentiellement un avenir meilleur? Ou bien les suivre au risque de ne pas avoir de toit sur la tête, pour que la famille reste ensemble coûte que coûte?

L’émouvante épopée de ces deux enfants est filmée avec autant de poésie que de fatalisme et de tendresse que de brutalité, la caméra devenant en quelque sorte la lentille bienveillante à travers laquelle nous découvrons – et nous nous attachons à – Spartacus et Cassandra. En grande majorité en plans rapprochés, afin de transmettre dans toute leur intensité les états d’âme et sentiments des deux protagonistes, ce documentaire donne par ailleurs un entr’aperçu d’une culture à l’opposé de celle dans laquelle nous nous identifions en France et au-delà. C’est au fur et à mesure que nous sommes plongés dans cet univers, cette culture rrom, celle des «gens du voyage», comme la désignent avec toute l’élégance et le politiquement correct dont nous autres français avons le secret, que nous réalisons que nous en ignorons tout ou presque.



Dur, éprouvant, bouleversant, et captivant, ce film saisit à la gorge et plonge le spectateur dans l’univers injuste de ces deux enfants que la vie violente et ballotte au gré des évènements.

spartacus et cassandraSpartacus et Cassandra

avant-première au Cinéma Le Meliès

Allée Henri Frenay, 38000 Grenoble

à 20h30 ce vendredi 6 février

en présence du réalisateur, Ioanis Nuguet

dans le cadre du cycle « Cinéma et Psychanalyse ».