Une petite fille de cinquante ans

Le Couvent Sainte-Cécile accueille l’exposition « Mafalda, une petite fille de cinquante ans » du 12 juin au 22 septembre 2014.

Une vie de Mafalda

Voilà cinquante ans que Mafalda demeure la petite fille la plus en colère du monde, observant son globe terrestre qui jamais ne semble tourner dans le bon sens, fascinée par ces gens dans la rue dont elle écoute et juge les conversations avec une déroutante sagesse. Mafalda, ou l’éternel symbole d’une enfance contrainte de vivre dans un monde qu’elle ne comprend pas.

Ce cinquantenaire ne pouvait pas passer inaperçu, tant le pendant argentin de Peanuts est populaire de par le monde, et pas seulement dans les pays hispanophones. En France, la petite fille de Quino reste chère au cœur de nombreux lecteurs, qui peuvent lire et relire ses « aventures » grâce aux éditions Glénat, qui proposent une intégrale (fidèle au noir et blanc original) ainsi que plusieurs albums en version colorisée.

Rien de plus naturel dès lors que le siège des éditions Glénat de Grenoble soit l’hôte de l’exposition « Mafalda, une petite fille de cinquante ans », visible jusqu’au 22 septembre. Fanatiques, passionnés ou simples curieux pourront, seuls ou en famille, parcourir l’univers de la plus célèbre argentine du monde, un univers aux meubles, plantes et disques démesurés tant l’héroïne est petite.

Au programme de l’exposition, des scans de planches originales de Quino où l’on pourra admirer la précision du trait du dessinateur, clair et épuré, que l’on retrouve d’ailleurs dans l’ensemble de son œuvre. Le sens de l’ironie de Quino, qui peut quelquefois confiner au cynisme sans jamais se départir d’une certaine mélancolie, s’accompagne d’un dessin qui rappelle celui de Sempé dans sa fausse simplicité, toujours plus virtuose qu’on le pense au premier abord.

Un monde de Mafalda

Au programme toujours, quelques installations qui nous plongent dans l’univers Mafalda, et notamment ce globe terrestre géant parsemé de petites Mafalda tendant un poing rageur pour décréter du haut de ses quelques années la paix mondiale. Plus sereine, le sourire optimiste de la petite fille assise dans son fauteuil rappelle qu’elle est aussi, par moments, juste une enfant de son âge, amoureuse des Beatles et joueuse dans l’âme.

Enfin, le visiteur est invité à parcourir les galeries offrant un focus sur quelques éléments clés de la vie de Mafalda, qu’il s’agisse de l’école, de la famille, des amis… ou du monde tout entier, toujours sujet aux conflits, aux tensions diplomatiques, aux angoisses et aux menaces. Et l’on soupire en pensant que, vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, la Mafalda des années 60 ne se sentirait pas si dépaysée que cela en ce début de vingt-et-unième siècle.

Cinquante ans mais l’oeuvre de Quino demeure toujours aussi actuelle, aussi présente, aussi perspicace et pertinente. Tout en parlant de son pays et son époque, la petite fille parvient à raconter la vie et la planète telles qu’elles sont et telles qu’elles seront toujours, tant que les Mafalda du monde entier cesseront de baisser le poing un jour pour devenir de grandes personnes.

Une exposition que chacun se doit de visiter pour retrouver son âme d’enfant contestataire, celui que chacun devrait être, à défaut de l’avoir jamais été.

20140617 mafalda1Mafalda, une petite fille de cinquante ans
du 12 juin au 22 septembre
Siège des éditions Glénat
Couvent Sainte-Cécile, 37 rue Servan à Grenoble
Horaires : de 8h30 à 12h et de 13h30 à 18h
Fermé le samedi et le dimanche
Entrée libre