Vivre à la rue, crier plus fort

Jeudi 30 octobre, des associations organisent à Lyon une criée pour rappeler aux pouvoirs publics l’urgence de prendre des décisions claires sur la question du logement.

Des réponses, pas des annonces

Nul ne sait encore si l’hiver sera rude ou non, mais chacun sait qu’il sera pénible pour les personnes vivant dans la rue, tant les pouvoirs publics tardent à prendre des mesures concrètes et pérennes pour lutter contre ces situations. C’est l’un des messages qu’un collectif de quatorze associations – parmi lesquelles la FAPIL, la FNARS ou la Fondation Abbé Pierre – entend porter à l’occasion d’une criée qui se déroulera à Lyon, jeudi 30 octobre à 17 heures, sur le marché du Quai Augagneur.

Une initiative qui est loin d’être la première du genre. « Ce qui ressort, c’est la récurrence des interpellations au début et à la fin de l’hiver chaque année, nous dit Solène Bihan de la FAPIL. Et l’impression, c’est que cela ne s’arrange pas en terme de solutions pour les personnes concernées par la vie à la rue ! »

« On a des annonces de fin de la gestion au thermomètre et dans les faits la situation ne s’améliore pas. Elle stagne, voire elle s’aggrave dans la mesure où il y a de plus en plus de personnes qui se retrouvent dans des situations vraiment dramatiques. »

Parmi les sujets de colère des associations : le caractère saisonnier de l’hébergement d’urgence, dont les structures ferment en fin de printemps, et de manière plus générale le manque de constructions de logements sociaux et l’absence, selon elles, d’une vraie politique de prévention. « Sans une mobilisation immédiate et massive en faveur du logement à coûts réellement abordables pour les ménages les plus fragiles, la gestion hivernale de la grande exclusion continuera encore cette année avec son lot de dégâts sociaux ! » clament-elles dans leur communiqué.

Sommeil d’État

Un exemple de cette absence de volonté politique ? « Ce qui nous choque beaucoup, c’est le recours à l’hôtel privé pour héberger les personnes. C’est un non-sens économique et social, qui ne permet pas d’accompagner les personnes d’une manière correcte. Il existe des hôtels sociaux gérés par les associations, nettement plus adaptés et qui ne remettent pas à la rue les personnes accompagnées durant la journée. »

« Le décalage est frappant : pour héberger les personnes quand il fera très froid cet hiver, on va ouvrir des gymnases. Ce n’est même pas la peine d’expliquer que des gymnases sont là uniquement pour dormir, qu’il n’y a aucune insertion possible. Et même si le Préfet les annonce comme des mesures de secours, la préfecture a tout de même prévu sur le Rhône deux-cent trente places en gymnase en cas de grand froid. C’est donc bel et bien une solution envisagée, et l’on ne peut pas s’en contenter ! » s’indigne la représentante de la FAPIL.

Enfin, l’objectif de la criée réside aussi dans la volonté de changer le regard du grand public sur les questions de mal-logement. « On connaît beaucoup les problématiques, présentées de manière un peu orientées, mais on connaît mal les solutions ou les personnes que cela concerne. Le grand public doit pouvoir connaître la réalité de cette situation, et ne pas faire les raccourcis que l’on voit dans les faits-divers. »

Des questions multiples et denses en somme, pour une interpellation au cours de laquelle les associations espèrent mobiliser le plus de monde possible. Car la question du mal-logement, c’est une banalité que de le rappeler, concerne la société tout entière, et peut potentiellement toucher n’importe quel parcours de vie.