100 chances – 100 emplois : quand les entreprises font de l’emploi

100 chances – 100 emplois est une initiative originale qui a pour vocation d’intégrer les jeunes dans le monde du travail. Une belle initiative, spontanée, libre, qui trouve sa source dans la rencontre, en 2004, entre Jean-Louis Borloo, alors ministre des affaires sociales, et Henri Lachmann, PDG du groupe Schneider Electric.

Le dispositif 100 chances – 100 emplois et le rôle de Schneider Electric

Au départ l’idée provient d’une sensibilisation à la situation des jeunes adultes résidant dans les ZUS (Zone Urbaine Sensible). On constate dans ces zones un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale. La question se pose alors : « Que peuvent faire les entreprises pour aider les jeunes des ZUS à accéder à l’emploi » ? C’est Schneider Electric, qui, après consultation d’autres entreprises, prend l’initiative de lancer 100 chances – 100 emplois, dont le principe et d’organiser la rencontre entre des jeunes en quête d’emplois et des entreprises prêtes à leur tendre la main. L’enjeu pour les jeunes est de rencontrer concrètement des entreprises, de démontrer leurs capacités,   et de découvrir le monde de l’emploi. Pour les entreprises l’enjeu est une dynamique de responsabilité citoyenne : lutter contre les discriminations en faveur de l’égalité des chances, et aussi pouvoir répondre aux clauses d’insertions des marchés publics.

100 chances – 100 emplois démarre donc en 2005 à Chalon s/ Saône, mais compte aujourd’hui près d’une vingtaine de pôles d’activités. Didier Rochas (sur la photo), délégué de l’insertion professionnelle chez Schneider Electric à Grenoble, explique : « 100 chances – 100 emplois, au niveau national, c’est une association, qui a un président, un comité d’administration dans lequel on va retrouver une dizaine d’entreprises nationales qui sont impliquées et qui participent à l’action. Cette représentation nationale a pour objectif de diffuser, faire connaître, s’assurer du fonctionnement, des résultats de cette action 100 chances – 100 emplois sur les bassins  sur lesquels l’action est implantée. Parmi ces bassins, il y a le bassin de Grenoble, qui existe depuis  2006, qui est l’un des tout premier bassin, qui fonctionne avec deux contributaires majeurs, qui sont la Ville de Grenoble avec son service SIE, qui assure la coordination du coté acteur de l’emploi, et Schneider Electric, qui assure le pilotage du coté entreprises et donc ces deux acteurs travaillent ensemble pour développer ce dispositif sur le secteur grenoblois. ».

Schneider Electric a donc un rôle central dans l’action 100 chances – 100 emplois : c’est, en tant qu’entreprise qu’elles cotoie d’autres entreprises, et qu’elle met en rapport les jeunes et les employeurs. Didier Rochas poursuit : « Schneider Electric joue un rôle central, au niveau local, de coordinateur, nous sommes l’entreprise qui fait en sorte qu’autour de la table il y ait d’autres entreprises. ». Travailler avec d’autres entreprises n’est cependant pas, pour 100 chances – 100 emplois un réseau fermé, mais essentiellement une action dynamique et expensive. « Le rôle de Schneider Electric, c’est de faire tourner la maison, c’est de faire en sorte que ça vive, que ça se déploie, que ça se renouvelle… ».

Un programme d’insertion

Ce qui est intéressant à 100 chances – 100 emplois, c’est la palette variée des modalités d’insertion ou réinsertion qu’ils offrent. Les jeunes peuvent ainsi accéder à des stages (durée de 15 jours à 1 mois max.), des Evaluations en Millieu de Travail (EMT), où ils peuvent découvrir des secteurs d’activités qu’ils ne connaissent pas, ou avec lesquels ils peuvent se re-familliariser. L’association propose également des missions d’intérim, rémunérées, des contrats CDD, et des contrats CDI. Mais encore 100 chances – 100 emplois a la possibilité d’accueillir des candidats à la poursuite d’études dans le cadre d’un contrat en alternance, contrat de professionalisation ou contrat d’apprentissage.

La structure fonctionne donc comme une plaque tournante, qui met en rapport les jeunes et les entreprises. D’abord en direction des jeunes. Didier Rochas explique : « Le rayonnement auprès des jeunes, c’est d’abord la responsabilité ou l’action que peuvent mener les partenaires que sont le service SIE [de la Ville de Grenoble], mais également la mission locale de Grenoble, et aussi le Pôle-emploi. Donc ce sont eux qui parlent du dispositif 100 chances – 100 emplois aux jeunes qu’ils voient, qu’ils rencontrent. Et nous avons également d’autres points de rencontres qui sont plus épisodiques, qui sont par exemple l’organisation de rencontres, que l’on appelle ‘rencontres improbables’, entre des entreprises et les jeunes d’un quartier, dans le quartier Mistral, ou à la Villeneuve, qui sont des rencontres qui ont lieu une ou deux fois l’an. ».

L’autre versant de la relation concerne le rapport aux entreprises. Et c’est là que Schneider Electric joue tout son rôle. « Pour ce qui concerne la promotion auprès des entreprises, ça c’est typiquement mon rôle en tant que coordinateur, de faire connaître le dispositif, d’appeller les entreprises, d’en parler à nos partenaires, de faire en sorte d’organiser des évenements pour que l’action soit connue, et faire en sorte que des entreprises se disent et bien pourquoi pas faire partie de cette action et travailler ensemble plutot qu’isolément… », commente encore le délégué à l’insertion de Schneider Electric de Grenoble.

L’insertion se concrétise, au départ, lorsque les jeunes vont d’abord participer à des simulations d’entretiens, qui servent à préparer une présentation devant les entreprises membres du dispositif 100 chances – 100 emplois, qui leur sera proposée soit directement, soit lors des points de rencontres dans les quartiers ou lors d’évenements.

La force de l’action 100 chances – 100 emplois est, enfin, que par son biais on rentre directement dans le monde du travail, sans aucune modalité d’aide quelle qu’elle soit, et sans aucun statut particulier. Didier Rochas précise : « On est vraiment dans un cadre qui est un cadre du marché du travail, dans ce qu’il a de plus standard, de plus exigeant, en termes de droits et de devoirs, il n’y a aucune subventions, personnes ne touche de subventions, ni l’acteur de l’emploi qui a amené un jeune dans 100 chances – 100 emplois, ni le jeune, on ne donne pas de l’argent au jeune pour qu’il veuille bien rejoindre 100 chances – 100 emplois, on ne donne pas de subventions à l’entreprise pour qu’elle accepte de prendre un jeune, on est dans le cadre tout à fait normalisé du travail. ».

Lorsque l’on demande à Didier Rochas si les retours de la part des entreprises qui emploient des jeunes via 100 chances – 100 emplois sont bons, il précise : « Si il y a des difficultés c’est avant. Elle est d’arriver à convaincre une entreprise, une fois que l’entreprise est venue, se rend compte, elle jouera le jeu la plupart du temps. Ce qui est le plus difficile c’est effectivement d’arriver à convaincre les entreprises, il faut taper à la bonne porte au bon moment, il faut que l’entreprise soit disponible pour pouvoir écouter. Dans les périodes telle que celle que l’on connaît depuis 2008 maintenant, on est plutot sur des moments où l’entreprise est en train de se structurer pour réduire ses dépenses, optimiser son accès au marché, et être capable de survivre, donc quand l’entreprise est dans un stade de survie, on peut lui parler du dispositif 100 chances – 100 emplois, mais ça n’est pas sa préoccupation. ».

Et c’est ça qui est intéressant dans 100 chances – 100 emplois : cette préoccupation de la part de gens dont ce n’est pas la préoccupation première, et qui parviennent à une aide et un dispositif complémentaire avec tous les autres parametres du problème de l’emploi en France aujourd’hui, qui, crise ou pas crise, doit pouvoir trouver sa solution, avec de l’aide et de la bonne volonté.