American Nightmare, douze heures d’horreur

Le film d’horreur ou le thriller sont des genres qui semblent revenir à la mode sur les grands écrans, à travers de grosses productions comme World War Z ou des films aux budgets plus « raisonnables » tels que American Nightmare (The Purge), une réalisation de James DeFranco classée tout public mais que l’on déconseillera tout de même aux plus jeunes.

Dans un futur qui ressemble beaucoup à notre présent, une mesure offre aux Américains l’opportunité, durant une nuit par an, de commettre tous les crimes qu’ils désirent sans crainte de représailles policières ou judiciaires. Agressions, meurtres et viols sont le lot de ces douze heures que les médias et la population célèbrent comme une manière pour chacun d’expulser ses haines et frustrations, ainsi que de « purger » la société de ses éléments les plus faibles. Les pauvres sont, en effet, les premières victimes de cette purge, tandis que les riches se réfugient derrière d’imposants et coûteux systèmes de sécurité.

Cependant, pour l’une de ces familles privilégiées, tout bascule lorsque le jeune garçon de la maison porte assistance à un clochard poursuivi par des « chasseurs » en lui permettant de se mettre à l’abri dans sa résidence surprotégée. Le petit groupe d’étudiants de bonne famille qui poursuivaient l’individu pose un ultimatum : soit on leur livre la personne qu’ils ont l’intention d’assassiner sauvagement, soit ils pénètrent à l’intérieur de la maison et massacrent tout le monde.

American Nightmare se présente comme une réflexion sur la violence de la société, mettant ici en lumière non pas celle des délinquants issus de classes défavorisées, mais celle des plus nantis qui, dès que l’occasion leur en est donnée, font preuve d’un profond sadisme et d’une terrifiante cruauté.  Ce film est également un huis-clos racontant l’angoisse d’une famille prisonnière dans sa propre maison.

On voit ici se dessiner une nette tendance des films d’épouvante récents : la peur se manifeste chez les personnes, au sein de leur habitat le plus intime, dans lequel intervient un intrus qui lui veut nécessairement du mal. Dans [REC], c’était un immeuble entier qui se voyait coupé du monde pour cause d’épidémie zombie. Dans Paranormal Activity, c’est la chambre à coucher d’un jeune couple qui est le théâtre des manifestations d’une entité nocturne malveillante. Et dans American Nightmare, c’est l’illusion de la sécurité d’une maison-forteresse qui s’évapore sous la menace de ses assaillants.

Ce film apparaît donc comme un thriller rythmé et musclé, qui se regarde sans déplaisir malgré des personnages parfois un peu caricaturaux, en particulier le groupe d’étudiants chasseurs qui affiche tous les clichés issus des films d’horreur les plus récents, à commencer par Saw. Ici, au profit d’une volonté de faire peur, s’efface une part de la crédibilité scénaristique du film.  

On regrettera également que la mise en scène, quoique de bonne facture et bien équilibrée, soit nettement moins ambitieuse ou audacieuse que le propos initial du scénario. American Nightmare est souvent prévisible, et le spectateur familier du genre n’aura pas souvent l’occasion de bondir de son fauteuil devant cette réalisation.

Il ne s’en lèvera pas non plus pour quitter la salle, ce qui est déjà une bonne chose.

Laisser un commentaire