Comment se défaire de ses addictions ?

Vous êtes peut-être désireux( ses) d’en finir définitivement avec votre ou vos addictions. Facile à dire, mais pas facile à faire ! Parlons-en avec Dominique Barnouin, psychologue au centre d’addictologie : le GISME.

Le Bon Plan : Qu’entend-on par « addiction » ?

Dominique Barnouin
: Les addictions sont les conduites et manières d’être qui deviennent compulsives, et qui produisent à long terme de la souffrance. Cela va des plus anodines aux plus graves, de l’onychophagie (se ronger les ongles) à la pédophilie, en passant par la consommation de produits psychotropes, le jeu, les achats compulsifs, etc. Dans tous les cas, il y a un attachement pathogène très fort (qui entraîne de la souffrance). Au GISME, il s’agit de comprendre le processus qui a permis aux addictions de s’installer, s’incruster, pour devenir une manière d’être au monde, la seule, dont on n’arrive pas à se dépétrer.

N’est-ce pas le propre de l’Humain d’être dépendant ?

D.B. : Absolument. Pour illustrer, saint Paul indique dans l’une de ses épîtres, qu’il fait des choses qu’il désapprouve et ne fait pas ce qu’il voudrait faire. Cela reflète que les addictions n’existent pas seulement depuis notre société de consommation. Toutes ces conduites qui apportent un « plus être » pendant une première période s’avèrent pernicieuses dans le temps. Quand on s’en aperçoit, on a déjà « les deux pieds dedans » !

Faut-il chercher à la source de ce qui a provoqué l’addiction ?

D.B. : On ne peut pas changer un comportement si on ne prend pas en compte ce qui le sous-tend : expérimenter de nouvelles sensations, rechercher du plaisir. À la pré-adolescence, pour devenir grand, on aura tendance à imiter l’adulte et à fumer (par exemple) en cachette. C’est justement parce que les premières bouffées sont irritantes, mauvaises, que l’on recommencera afin de passer l’épreuve initiatique. Et il y aura d’autres « bonnes » raisons de fumer (appartenir au groupe, entrer en contact avec l’autre sexe, etc.). Au fil du temps, le conditionnement transforme cet acte irritant en acte de plaisir, après le repas, ou en boîte de nuit avec des copains. Les consommations conviviales, festives, occasionnelles, deviennent solitaires et nécessaires. Elles ne remplissent plus les fonctions positives précédentes. Désormais, par le geste, « je m’auto-administre » des sensations qui recouvrent, refoulent, réduisent toute forme de mal-être. Y compris le manque et le vide qui sont constitutifs de l’être humain.

Il y aurait des solutions qui apporteraient un mieux-être à long terme ?

D.B. : Bien sûr ! Car, serrer les dents, avoir de la volonté, tenir, se priver, lutter contre…, ne mènent qu’à des victoires temporaires et des désillusionnements cuisants sous forme de rechutes répétées. Dans un parcours de détachement à l’addiction, l’exploration d’un certain nombre d’impasses est utile pour réajuster le tir en adoptant la manière d’être la plus appropriée. La seule voie de dégagement heureuse et durable c’est de se dire que « on ne lutte pas contre l’addiction, mais on fait dépérir un attachement au profit de quelque chose de mieux ! »

GISME

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