Dernier Maquis

Une histoire à l’apparence simple, une usine qui fabrique des palettes, un patron critiqué par ses ouvriers pour la plupart immigrés, décide d’installer une mosquée dans l’usine, et d’en choisir l’imam :pour faire plaisir à ses employés ou pour les endormir ?

Si les thématiques sont fortes : la religion et son instrumentalisation politique, le rapport de classe, le travail, la révolte, ce n’est pas pour autant un film assommant du fait du regard personnel du cinéaste Rabah Ameur-Zaïmeche.
Il sait filmer les corps et leurs interactions, les confrontations, les discussions en jouant sur la durée des plans. Il sait surtout filmer les lieux, on sort très peu de l’usine, à part pour une petite balade bucolique. Les palettes rouges empilées créent des décors mouvants et oppressants, ces palettes deviennent marchepied pour faire un discours, murs de protections, prisons ou barricades pour un western social tourné avec une grande économie de moyens.
L’auteur croit trop au cinéma et à l’être humain pour nous asséner un discours tout fait, il filme tous ses acteurs à égalité, sans mépris, avec humour et tendresse. Il laisse la place à l’imaginaire du spectateur qui peut ainsi suivre son propre cheminement.
Rabah Ameur-Zaïmeche est l’auteur de Wesh-wesh qu’est-ce qui se passe ? et de Bled Number One superbe film sur l’Algérie par un Français d’origine algérienne, deux films disponibles en DVD à la bibliothèque de Grenoble, comme le sera sûrement Dernier Maquis.