Exilés de la Terre promise

Ils ne participent pas au conflit israélo-palestinien mais ils ne peuvent l’ignorer. « Ils », ce sont les juifs et les Palestiniens qui vivent hors de la Terre sainte ; Antoine Boureau et Milan Otal sont allés à leur rencontre.

Antoine Boureau est photo-reporter ; Milan Otal, musicien et chercheur en littérature. Ils sont partis à la rencontre des communautés juives et palestiniennes vivant hors des frontières d’Israël et de Palestine ; quatre mois à écouter les gens plutôt que les discours, à donner la parole à l’humain plutôt qu’au politique. Le livre « Exilés de la Terre promise », qui mêle témoignages et photos, est le fruit de ce voyage et des rencontres qui l’ont jalonné ; l’exposition en ouvre les pages.

La communauté juive d’Iran, née de l’exil à Babylone sous Nabuchodonosor II, est vieille de plus de vingt-cinq siècles ; celle de Turquie, fondée suite à l’expulsion des juifs d’Espagne par les rois catholiques après la prise de Grenade, n’a que cinq cents ans. Pourtant, toutes deux se trouvent, depuis 1948 et la fondation d’Israël, face à la même question : partir ou rester ? Répondre à l’appel religieux, rejoindre la biblique « Terre promise » ou demeurer proche de ses racines, dans le pays qui depuis des générations est celui de sa famille ? Quel est le plus important ?

Pour les communautés palestiniennes rencontrées en Jordanie et au Liban par les auteurs, 1948 est aussi une année importante, celle de la nakba : la catastrophe, le début du conflit qui a fait prendre le chemin de l’exil à leurs familles. Pour elles aussi la question de l’appartenance est centrale : voilà près de soixante-dix ans qu’ils vivent dans des camps de réfugiés, dans des pays où l’intégration leur est presque toujours refusée mais les anciens, ceux qui ont vécu en Palestine, disparaissent peu à peu ; comment transmettre aux plus jeunes leur identité, leur offrir les racines qu’on leur refuse ?

Dans une quête dépolitisée, fondée sur la volonté de se recentrer sur les gens, Antoine Boureau et Milan Otal ont su toucher l’humain et c’est ce qu’ils nous montrent au travers des histoires intimes, des parcours divers et personnels, de ceux qu’ils ont rencontrés. L’exposition (du 12/09 au 19/09) nous montre, en une dizaine de panneaux, le contexte de leur travail ainsi qu’un aperçu de celui-ci à travers le portrait résumé de plusieurs de leurs rencontres.

La Bifurk, 2 rue Gustave Flaubert, 38100 Grenoble
De 15H00 à 20H00 mercredi
De 10H00 à 15H00 samedi
Ou sur rendez-vous
Entrée gratuite