Pôle emploi traque la fraude

Entre 2009 et 2013, selon Pôle-emploi, le montant des allocations versées à tord à été multiplié par six. Emplois fictifs, fausses fiches de salaire… On opte désormais pour la répression et on le fait savoir !

D’après Pôle-emploi, le total des indemnités détournées représenteraient 58 millions d’euros. Pour apprécier cette somme à sa juste valeur, il est utile de la confronter au seul montant des allocations versées en 2012, 33 milliards d’euros, et de tenir compte de l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi. Pour lutter contre cette tendance, des agents spécifiques sont désormais chargés de lutter contre la fraude.

Personnel en alerte

Pour démasquer les supercheries, les conseillers Pôle-emploi font  maintenant appel à ceux que l’on nomme les auditeurs, lorsqu’ils doutent de l’authenticité d’un document fourni nécessaire lors d’une inscription ou d’un changement de situation. Ces derniers sont en lien avec les services de la CAF, de l’URSSAF, de la CPAM, pour contrôler les bénéficiaires qui cumuleraient leurs indemnités, une allocation de chômage et une pension de retraite par exemple. Ils ont aussi accès au fichier national des comptes bancaires et assimilés (ficoba), qui recense les comptes de toute nature sur le territoire français, pour vérifier qu’une personne déclarant ne pas être en mesure de rembourser le montant d’un préjudice ne possède pas d’autres comptes.

Des méthodes de plus en plus intrusives

Pour localiser les allocataires qui auraient durablement quitter le pays tout en continuant à percevoir leurs indemnités, un dispositif de pistage via l’adresse IP est testé actuellement dans diverses régions de l’hexagone. Rappelons qu’une absence de plus de sept jours doit être déclarée et qu’un demandeur d’emploi ne peut pas disposer de plus de 35 jours de congés par an. Les contrôles flirtent avec la limite de la vie privée quand l’accès aux données personnelles des utilisateurs via les opérateurs téléphoniques et EDF est envisagé pour vérifier une adresse postale. Autre piste envisagée, le « dataming » (exploration de données), un procédé déjà utilisé par la CAF qui permet de détecter automatiquement les profils les plus susceptibles de frauder grâce à des modèles statistiques. Mais qu’est-ce qu’un profil suspect sinon une nouvelle façon de stigmatiser les demandeurs d’emploi ?  

Faux documents, alliances entre les services, surveillances des domaines privé, la chasse est bien gardée. Une répression qui place une fois de plus les victimes de la crise de l’emploi dans une position coupable. Serait-il possible de poser un autre regard sur la situation ? Peut-on y observer l’expression d’un besoin vital, d’une situation d’urgence, et envisager d’adopter une autre attitude en utilisant le temps, l’énergie et les moyens disponibles pour traiter le problème de fond ? Même s’il est vrai que depuis 2009, la somme des escroqueries évitées a été multipliée par quatre.