Inflation vs chômage, que le meilleur gagne !

Que cache donc le NAIRU… Un collaborateur de Gandhi ? Non, lui c’est Nehru. Alors ça doit être un poisson. Non plus.  J’ai bien dit NAIRU et pas mérou.

En fait il s’agit d’un acronyme anglais : Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment ou, dans la langue d’Audiard, Taux de chômage n’accélérant pas l’inflation, parfois appelé chômage d’équilibre.
Bien, l’inflation, pour Monsieur Toulmonde, c’est l’augmentation des prix. Pour le capitaliste, c’est également la valeur de la monnaie. En effet, si aujourd’hui une voiture coûte 10 000 €, et que demain elle coûte 12 000 €, il vous faudra 1,2 € de demain pour 1 € d’aujourd’hui, vous êtes donc moins riche.
La lutte contre l’inflation est la pierre angulaire des politiques économiques depuis bientôt trente ans. Pour éviter cette hausse des prix, il convient d’éviter les facteurs inflationnistes :
– la hausse du prix des matières premières, on ne peut pas faire grand chose contre, à part quelques manigances géopolitiques, afin de sécuriser l’approvisionnement en ressources, ou de se les approprier ;
– l’augmentation de la quantité de monnaie, ou des salaires. La monnaie est créée à chaque fois qu’un prêt est accordé. Pour augmenter ou diminuer la quantité de monnaie, la banque centrale joue sur les taux directeurs qui déterminent en quelque sorte le prix de la monnaie ; c’est à ce taux que la banque centrale prête aux banques commerciales, qui prêtent à nouveau cet argent, à un taux supérieur (majoré de leurs marges), aux entreprises, aux particuliers, et aussi à l’État depuis Maastricht.
Pour éviter une hausse des salaires, la banque centrale joue sur ce même taux. En l’augmentant, elle rend le crédit plus cher, fait baisser l’investissement, ce qui ralentit l’activité économique… et augmente le chômage. Eh oui ! Un taux de chômage assez élevé ne fait pas que des malheureux, il permet de maintenir la pression non seulement sur les salaires, mais également sur les conditions de travail. Le NAIRU est utilisé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans ses recommandations : le taux de chômage en dessous duquel il est conseillé de ne pas passer. Il était fixé pour la France à 5,8% en 1980 et à 9,5% en 1999.

Pour Robert Eisner, économiste américain, « Le NAIRU est un des plus puissants moyens d’influence de ce siècle sur les politiques économiques ». Jean-Paul Fitoussi, économiste, directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans la « Politique de l’impuissance », dit « On a dans une première phase instrumentalisé le chômage pour combattre l’inflation. Chaque « banquier central » de la planète sait que, dès qu’il augmente les taux d’intérêt, il met au chômage une partie des catégories les plus vulnérables de la population.[…] non seulement il (le banquier central, ndlr) le sait, mais c’est précisément pour ça qu’il le fait. »
Pour résumer, en matière de politique économique, un choix cornélien est à faire : lutte contre l’inflation ou lutte contre le chômage. Je vous laisse deviner celui qui a été fait par la banque centrale européenne.