La Commune

Nous fêtons cette année les cent quarante ans de La Commune de Paris. Trois mois de rêverie révolutionnaire, mais également de souffrances et de combats qui s’achevèrent dans un bain de sang. De nos jours, l’exemple de ces Communards semble avoir été oublié…

 » J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps-là que je garde au coeur
Une plaie ouverte
« 

Pour l’éternité, la chanson écrite en 1866 par Jean- Baptiste Clément et composée par Antoine Renard restera associée à la période de La Commune qui s’est déroulée du 18 mars au 28 mai 1871. Originellement, Le temps des cerises faisait référence à un amour perdu, mais le côté abstrait du texte ainsi que la coïncidence de la période évoquée ont fait de cette chanson l’hymne de cette révolution manquée. Petit retour en arrière.

Nous sommes en juillet 1870. Napoléon III engage le Second Empire dans une guerre contre la Prusse, l’ennemi héréditaire. Deux mois plus tard, c’est un désastre. L’humiliante défaite de Sedan le 1er septembre 1870 et la capture de l’Empereur font chuter le régime. Des élections législatives sont alors organisées le 8 février 1871 : le fossé se creuse entre la majorité monarchiste de l’Assemblée Nationale (qui siège à Versailles) favorable à la paix et les élus républicains de Paris qui souhaitent continuer la guerre. C’est le point de départ de la révolte de ce printemps 1871.

À cette époque, la capitale compte près de 450 000 ouvriers sur 1,8 millions d’habitants. Et l’immense majorité refuse complètement de rendre les armes. Ils ne font aucune confiance au nouveau gouvernement versaillais d’Adolphe Thiers, qui veut enlever coûte que coûte les 227 canons de Belleville et Montmartre. Le 17 mars, Thiers envoie la troupe pour les récupérer. Le 18, l’insurrection explose. Le 26 mars 1871, le Conseil de la Commune de Paris est désigné par des élections. Toute une série de mesures revendicatives est mise en oeuvre : le gouvernement est l’émanation directe du peuple au service du peuple, l’émancipation des femmes est en marche, la séparation de l’Église et de l’État se produit dans les écoles et dans les hôpitaux, la liberté de la presse est instaurée et l’autogestion des ouvriers dans les entreprises est affirmée. C’est, en quelque sorte, la réalisation de l’utopie communiste dans son idéal le plus absolu. L’expérience ne durera que trois mois et se terminera de manière dramatique : au cours de la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai), environ 17 000 Communards furent massacrés par les troupes versaillaises de Thiers.

 » C’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative sociale, c’était la première insurrection prolétarienne autonome  » écrivit Karl Marx dans La Guerre Civile en France. Par ses actions, la Commune fut à l’origine de nombreuses lois qui fondèrent par la suite les principes sacrés de la République. Cent quarante ans plus tard, cet événement fondateur ne fait que contraster avec la flemmardise idéologique des derniers conflits sociaux…

BIBLIOGRAPHIE

Louise Michel, La Commune
Michel Winock  et Jean- Pierre Azéma, Les  Communards
Jules Vallès, L’Insurgé
Jacques Tardi, Le Cri du Peuple