Le visage de la consommation

La consommation est un moteur de l’économie et en cette période, les dépenses s’emballent. Mais que cache cette boulimie de fièvre acheteuse ? Bas les masques sur nos comportements dans les rayons des magasins. Noël approche à grands pas et le «stop à la pub» ne fait plus le poids devant les tonnes de prospectus des enseignes commerciales à l’adresse des consommateurs que nous sommes.

Ces papiers sont tout sauf des cadeaux, ils poussent à la dépense. Pour nous interroger sur nos comportements de consommateurs, une journée mondiale sans achat a été instituée depuis 1992. Elle a lieu le dernier vendredi (Amérique du Nord) ou samedi (Europe) de novembre. Une occasion de réfléchir sur nos emplettes compulsives et de chercher des moyens voire des solutions pour en sortir.

Le message : en tant que dernier maillon de la chaîne, votre achat quel qu’il soit n’est pas un acte anodin. Par cet achat on devient responsable (pas coupable) d’innombrables maux en ce monde comme la dégradation de l’environnement, l’exploitation des populations ou encore la perte de valeurs humaines du fait de l’emprise de la publicité qui pousse à avoir plutôt qu’être.

Si l’intention est louable de montrer l’envers du décor de la consommation, force est de constater malheureusement que cette journée venue du nouveau continent ne connaît aujourd’hui que peu d’impact sur l’Hexagone. Elle reste purement symbolique au regard de la frénésie à un mois du business très lucratif de Noël. Puis, après tout, exporter un achat de 24 heures n’est eut-être pas un signe fort d’opposition à l’hyper-consommation ! Malgré cette ère assez morose, les ménages français ont consacré pour l’alimentation et les cadeaux de Noël 605 € en moyenne l’an dernier.

La gastronomie française se porte comme un charme pendant cette fête. Saupoudrez le tout avec un brin de matérialisme et vous obtenez la recette typique d’un Noël réussi. Certains produits, symboles de la réussite sociale, sont des offrandes idéales : la cafetière de Georges, le téléphone ou la tablette à la pomme… Quel sera le prochain objet incontournable ?

En définitive, nous sommes à des années-lumière des Noëls d’antan où les relations humaines n’étaient pas assimilées à l’afflux massif de personnes dans les enseignes.

La débauche de cadeaux offerts aux enfants-rois pose une question : l’amour s’achète-t-il vraiment ? Chez les adultes, c’est un autre son de cloche. Certains cadeaux finissent sur la toile aux enchères. Une tendance qui devient monnaie courante. Alors pourquoi offrir si ça déplaît ? Pourquoi ne pas se retenir plutôt qu’offrir ? La tradition des cadeaux l’emporte sur tout le reste.

Dès lors, un Noël sans achats est-il possible ? À cette idée farfelue et utopique au demeurant, je vois déjà les Rois mages secouer la tête de gauche à droite. Après tout n’est-ce pas un peu de leur faute, si nous en sommes arrivés là ?