Les écoles alternatives

Montessori, Steiner, Freinet, tous ces noms d’écoles promeuvent des pédagogies dites alternatives autour de l’enfant. Ces écoles majoritairement fondées par des parents ont principalement éclos après mai 68. Quelles sont ces pédagogies alternatives ? Le Bon Plan tente de faire toute la lumière sur ce champ de recherche et d’expérimentations aussi vaste que complexe.

Une floressence après mai 68

    Dans les années suivant mai 68, de nombreuses écoles alternatives [ont vu] le jour”. Marie-Laure Viaud, professeur émérite en sciences de l’éducation à l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation de Lille est spécialisée dans ce domaine. Elle les définit comme des écoles qui, a tous les niveaux scolaires, sont repérées dans le paysage éducatif comme expérimentales et/ou se réclamant du courant des pédagogies nouvelles. 

Le contexte devient même extrêmement favorable pour elles après mai 68 car la critique envers l’école traditionnelle devient de plus en plus virulente. A cela s’ajoute la théorie de Michel Foucault, philosophe en vogue à l’époque, selon laquelle l’école serait une “structure insidieuse d’enfermement”. Ses livres invitent ainsi à “libérer” les enfants de l’oppression des adultes. Fleurissent également nombre d’ouvrages faisant état d’expériences d’écoles alternatives en Suisse, en Italie, en Norvège, en Grande-Bretagne, ou aux Etats-Unis. 

D’après Marie-Laure Viaud, les écoles alternatives se situent dans la tradition de l’école libertaire c’est-à-dire qu’elles refusent l’autorité du maître et de la discipline pour laisser à l’enfant la plus grande liberté d’expression et de comportement. L’enfant se situe ainsi véritablement au cœur du projet pédagogique pour harmoniser les écoles et la société, comme l’indique l’ouvrage “l’école alternative et la réforme en éducation” de Richard Pallascio et de Nicole Beaudry. 


Une co-construction

Pour toutes les pédagogies alternatives (Montessori, Steiner-Waldorf, Freinet), l’apprentissage est un processus social : “L’école doit être centrée sur les jeunes ; elle doit être un processus social de participation ; elle doit d’abord être un processus de vie et non de préparation à un futur métier ou à des études ultérieures ; elle doit développer la capacité à vivre une intégration coopérative avec les autres ; et elle doit aider à réfléchir de façon critique dans un cadre de vie démocratique.”

Selon le chercheur Richard Pallascio du Centre Interdisciplinaire  de Recherche sur l’Apprentissage et le Développement en Éducation (CIRADE), trois acteurs entrent en compte dans les pédagogies nouvelles : les enseignants, les enfants et les parents. 


Chacun possède un rôle spécifique, l’élève est perçu “comme un coconstructeur de ses propres connaissances”, l’enseignant, lui, partage et décide de l’évaluation avec l’élève ;  évaluation qui n’est pas vue comme une sanction mais comme un indicateur de progrès ;  et les parents sont considérés comme des mécènes. “Les parents sont [en effet] les protecteurs de cette activité de recherche qui se passe à l’école et ils doivent faire la démonstration quotidienne qu’ils sont eux aussi dans un processus continu de coconstruction de leurs propres connaissances.” Ce sont eux qui majoritairement fondent les écoles alternatives, ils sont même pour certains des militants. 


C’est ainsi que s’illustre le constat de Marie-Laure Viaud selon lequel tous les projets sont autogestionnaires (gestion d’une collectivité par elle-même), fondés sur l’invention de relations non hiérarchiques entre tous les membres. 

Un exemple concret

De façon plus générale, les écoles alternatives promeuvent, le “libre choix des élèves au moins pour une partie de leur emploi du temps, [la] nouvelle organisation du temps scolaire, [la] pédagogie de projet, [la] participation des élèves aux décisions qui les concernent, l’individualisation des parcours, etc.”

Une école d’adeptes 

Malgré tous les bénéfices que peuvent en retirer les enfants comme les parents, les écoles alternatives regroupent certains inconvénients. Les coûts des écoles sont élevés, le nombre d’écoles est faible ce qui oblige les parents intéressés à déménager. Certaines écoles sont également vues comme sectaires.  Les écoles Steiner sont effectivement bâties sur des croyances ésotériques.Et une enquête effectuée par Charlie Hebdo parue en mai 2021 parle du cas d’une école Steiner dans les Pyrénées Orientales et de la controverse de sa pédagogie. Cet article a valu un droit de réponse de la part de la Fédération Pédagogie Steiner-Waldorf en France qui rétorquait que leur pédagogie n’est ni secrète, ni cachée et qu’elle se fonde sur “le lien à la nature, l’intelligence multiple, l’apprentissage par l’expérience et le vivre ensemble.” Des pédagogies à prendre avec des pincettes donc. 

#Grenoble
A Grenoble, il existe plusieurs écoles alternatives. Une nouvelle école nommée Schola natura a fait son apparition. Destinée aux enfants de 3 à 12 ans, cette “maison d’exploration” est basée sur la pédagogie Montessori. 

Il existe également l’école Steiner à Mens qui accueille les enfants dès 3 ans et qui met en place à travers sa pédagogie, des pratiques éco-responsables (repas bio locaux et végétariens, communication non violente, etc.). 

Enfin, vous pouvez inscrire votre enfant à Positive School, l’école Montessori internationale de Grenoble. 

Sources :
Charlie Hebdo
Marie-Laure Viaud
Richard Pallascio