Portrait d’un parcours hors norme sur Grenoble : François-Marie Périer

Dans le cadre de la série des portraits que Le Bon Plan propose fréquemment (Agnès Perroux, Jean-Pascal Fournier), Le Bon Plan a rencontré François-Marie Périer, acteur lui aussi d’un cheminement hors-norme et fort intéressant. Traits et perspectives.

De l’enseignement à la spiritualité

Vous avez peut être déjà rencontré François-Marie Périer, bien connu des familiers des « café-philo » ou « café spirituel ». Né en 1969 à Marseille, il suit un cursus ordinaire d’études : classe « prépa » littéraire, licence d’italien, obtient le CAPES d’italien, mais démissionne de l’éducation nationale en 2001. Il répond là à une vocation toute spirituelle. « Je voulais revenir à une vocation de jeunesse : voyager, écrire, faire du journalisme, j’avais envie de réaliser ces rêves, et j’ai toujours aimé voyager, essayer de comprendre le monde. Du coup j’ai eu la chance de travailler avec deux agences de voyages, une en europe et l’autre dans le reste du monde, et c’est là que je me suis beaucoup consacré à l’écriture et à la photo puisque j’étais payé pour voyager et j’avais le temps de faire tout ça. En même temps je devais connaître les pays donc ça m’obligeait à rentrer dans l’histoire, dans les traditions, dans l’art de tous ces pays là, dans la spiritualité aussi… ».

Pour François-Marie Périer c’est en quelque sorte un enjeu existentiel qui se dessine là. « J’ai eu envie très tôt d’être indépendant, je voulais pas prolonger mes études indéfiniment, parce que pour moi le monde universitaire c’était beaucoup de compromisions, être obligé de rentrer dans une façon de penser. Très tot j’ai voulu gagner ma vie, vraiment réaliser mes passions. ». Sa passion principale : découvrir, apprendre, expérimenter, vivre, partager. « Un des premiers métier que j’aurais aimé faire ça aurait été être ethnologue, ou grand reporter, donc ça a toujours été en moi, ça m’a toujours fait rêver. Voir des lieux mythiques, rencontrer des personnes, comme ça, c’est une recherche de sens, de vie, avec un grand « V »… ».

Une vraie vocation, innée, donc, si il est vrai que François-Marie Périer dit plutot porter en lui l’attrait pour la philosophie et la spiritualité, que d’avoir rencontré ces centres d’intérêts au gré de simples circonstances. « Ce sont des questions que je me suis toujours posées. Pour moi ça fait partie de l’aventure de l’esprit, c’est une quête de sens. Je ne pouvais pas concevoir la vie sans connaître quelque part la nature de l’esprit. Ca allait de pair avec la découverte du monde. Pour moi la découverte du monde et la découverte de l’âme c’est une seule et même chose. Et ça rejoint d’ailleurs certaines pensées anciennes, comme quoi le monde est l’expression de la pensée de Dieu, du Brahman comme on le dit en Inde. Nous nous avons un âtman, qui est l’âme individuelle, et dans cette idée là le monde est le rêve de la conscience, donc connaître le monde c’est connaître la conscience. ».

Plusieurs publications

L’intérêt de François-Marie Périer le porte donc non seulement à découvrir les philosophies orientales, mais, à force de recherches et de réflexions, carrément, à publier sur ces sujets. « Le premier livre que j’ai publié, c’est avec un photographe que j’avais rencontré près des temples d’Angkor, en 1999. Angkor avait toujours été le lieu qui m’avais le plus fait rêver. Donc a eu envie de faire ça ensemble. Et ses photos noir et blanc je les ai trouvé très belles, et j’ai eu envie d’écrire des textes dessus, en partie carnets de voyages, en partie portfolio. Le but c’était de témoigner sur un lieu de beauté et de spiritualité, et de parler du boudhisme à travers ça. ».

Logiquement, en quelque sorte, François-Marie Périer va ensuite évoluer vers la poésie, en tant que c’est précisément le mode d’expression des philosophies vers lesquelles il s’est tourné. « En 2011, j’ai sorti « Poésie et éveil » qui est un tour du monde et un parcours à travers les âges de la poésie en tant que langage sacré, et sur les mécanismes de l’inspiration poétique. Et là aussi c’était pour revenir aux sources de la poésie, de quelque chose qui aujourd’hui peut être assez galvaudé, dont on oublie les fondements sacrés, et pourtant profondément apte à rendre le réel de façon belle et puissante. ».

D’autres publications suivent : « L’an passé j’ai publié « Mahâ Mâyâ Mudra », carnets indiens et carnets de voyages en Inde sur plusieurs années. Et là sort « Samsara – Nirvana », qui couvre une série de voyage en Inde. J’ai été guide de voyage en Inde pendant plusieurs années dans ce pays, et à travers un certains nombre d’image sur lesquelles j’ai eu la chance de tomber, des scènes que j’ai pu capter aussi, j’ai vraiment eu envie de rendre des choses fortes sur l’Inde, aussi bien dans la réalité dure que dans la spiritualité. « Samsara » ça veut dire : « Sam » signifie « ensemble », et « Sara »  signifie « couler ». C’est la roue des réincarnations, de la souffrance aussi, et « Nirvana » ça veut dire l’extinction des désirs. Donc le livre raconte l’histoire de l’incarnation de l’âme, à travers des photos d’enfance, puis les villes dures, surpeuplées, intenses, mais impitoyables aussi. Et pour finir les voies spirituelles : hindouismes, Boudhismes, Soufismes… ».   

Le spirituel plutôt que le matériel

Un chemin de vie emprunt de philosophie et de religiosité, mais pourtant il faut bien vivre. Et François-Marie Périer préfère vivre modestement et suivre sa passion, plutot qu’un confort économique qui le priverait du précieux temps libre pour méditer et cheminer. « Après mon dernier poste de prof je suis parti en Bretagne. J’ai toujours aimé les endroits celtes. Je suis parti vivre là-bas pour me consacrer à des études sur la tradition celte. Et là j’ai épuisé mes ressources ASSEDIC, et je me suis retrouvé au RSA, ce qui a été en partie un choix et en partie la force des choses, mais ce temps que j’avais avec très peu d’argent me permettait aussi de me consacrer à l’écriture et à la photo, donc ça a été un choix de vie, et voilà… ».

Une situation économique précaire, un choix du spirituel par dela le matériel, sciemment et clairement assumé. « Je n’ai d’abord pas beaucoup d’argent pour vivre, c’est pas forcément confortable, pourtant ça oblige à comprendre certaines choses, un certains nombre d’enjeux, ça rend beaucoup plus sensible à ce qui se passe dans notre société, donc c’est vrai que c’est pas plus facile de vivre avec peu d’argent, mais par contre ça peut ouvrir les yeux, et ça c’est intéressant, surtout pour quelqu’un qui prétend connaître le monde et se connaître lui-même. ».

Mais le RSA, c’est quand-même vraiment juste pour s’en sortir. François-Marie Périer envisage de pouvoir composer ses capacités d’enseignant et ses intérêts spirituels. « Là j’ai déposé mon dossier au rectorat pour reprendre l’enseignement, donc prof d’italien, français et latin. Et j’espère gagner un peu d’argent par la vente de port-folio. J’ai d’autres projets littéraires comme des carnets de voyages sur les autres pays que j’ai visité, principalement europe, proche orient, amérique centrale et amérique du nord, et puis j’ai aussi le projet d’un livre de photos et de textes sur le Graal. ».  

 

 

Si vous voulez découvrir les photos et les textes de François-Marie Périer, vous pouvez vous rendre à son exposition (jusqu’au 15 février), chez : Voyageurs du Monde – Terres d’Aventures, 16 Bvd Gambetta à Grenoble (ouverture lun-sam, 10h – 19h). Et enfin, si vous souhaitez acquérir son dernier ouvrage, vous pouvez le trouver aux librairies ‘L’or du temps’, ‘Square-Université’ et bientôt à Decitre. Sinon, vous pouvez aussi le commander directement à l’auteur : fmperier@yahoo.fr, ou 04 56 85 38 28