Résistance et répressions

Le Musée de la Résistance et de la Déportation propose jusqu’au 19 mai 2014 une exposition temporaire consacrée à l’automne 1943, période sombre dont le souvenir ne peut aujourd’hui que nous éclairer.

Les Alpes brunes

C’est vers la fin de l’année 1943 qu’au sein de la Seconde Guerre Mondiale, le sort de Grenoble bascule. L’Italie, dont les soldats occupaient la ville depuis presque un an, a destitué Mussolini et demandé l’armistice, laissant l’Allemagne seule combattante contre les Alliés sur le sol européen. Durant la nuit du 8 au 9 septembre, les Allemands chassent les Italiens des rues de Grenoble. La capitale des Alpes connaîtra alors la violence de l’occupation allemande.

Ce sont les mois qui ont suivi l’arrivée des Allemands sur le sol grenoblois, jusqu’à la libération de la ville le 22 août 1943, que le Musée de la Résistance et de la Déportation retrace avec son exposition « Automne 43, résistance et répressions ». Fidèle à son travail de mémoire, le Musée rappelle ici les souffrances endurées par la population grenobloise et le sacrifice de nombre de ses habitants, qui valut à la ville d’être élevée au rang de « Compagnon de la Libération » par le Général de Gaulle.

Avec les premières rafles de Juifs – épargnés jusqu’ici par l’occupation italienne – et les premiers actes « durs » de répression de la population (600 arrestations durant la cérémonie interdite du 11 novembre), le joug allemand s’impose et provoque une réaction virulente de la Résistance, très présente dans la région, alimentée notamment par tous les jeunes qui prennent le maquis pour ne pas aller au STO (Service de Travail Obligatoire).

Ainsi, le 14 novembre, Aimé Requet fait sauter le polygone d’artillerie, privant les soldats allemands de grandes ressources en explosifs et en munitions. Un attentat qui sera peut-être le déclencheur de ce qui sera alors appelé la « Saint-Barthélemy grenobloise » : un terrible et meurtrier coup de filet dans la résistance iséroise, menant à des assassinats sommaires et de nombreuses déportations.

Les ogres de barbarie220140211-museereistance1

Orchestrée par les Allemands et mise en œuvre par des collaborateurs lyonnais, cette opération de terreur coûtera la vie à des acteurs de premier rang de la résistance, parmi lesquels Gaston Valois, Jean Pain ou encore Jean Perrot. Suivront d’autres actes de résistance contre l’occupant, et d’autres répressions sanglantes jusqu’à la Libération. Chef des collaborateurs lyonnais, Francis André reconnaîtra durant son procès pas moins de 120 assassinats. Il sera fusillé le 9 mars 1946.

Documents d’époque, reproductions de tracts ou de journaux (officiels et clandestins) et témoignages vidéo viennent alimenter cette exposition qui se veut avant tout, outre sa dimension historique passionnante, un hommage rendu aux femmes et aux hommes qui ont oeuvré contre l’occupation allemande et l’ont parfois payé de leur vie. Très impressionnant, un mur entier est consacré aux noms des victimes de ces mois de plomb qu’ont connu la ville.

Également tourné vers le présent et l’avenir, comme le veut l’esprit du Musée de la Résistance qui n’a jamais adopté la posture du gardien monolithique d’un passé univoque, l’exposition propose un mur d’expression libre sur lequel les visiteurs sont invités à écrire à la craie leurs impressions et répondre à cette question d’importance : « pourquoi commémorer soixante-dix ans après ? ». Spécialement tourné vers la jeunesse, un fascicule pédagogique autour de cette période sombre a également été réalisé à l’attention des écoliers, collégiens et lycéens.

Une exposition de grande qualité à parcourir, tant pour l’intérêt historique qu’elle représente que pour le regard sur le présent et l’avenir que cette plongée au sein des heures les plus sombres de l’Histoire nous permet d’enrichir.

220140211-museereistance2Automne 43, résistance et répressions
Du 26 novembre 2013 au 19 mai 2014
Musée de la Résistance et de la Déportation
14 rue Hébert, 38000 GRENOBLE