Risque de fermeture pour la Maison des habitants des Baladins

Créée il y a 30 ans, la « MDH » de la place des Géants a longtemps été un haut lieu d’animation de ce quartier piéton de la Villeneuve. Au cœur de son action, le développement, l’organisation et l’encadrement d’activités de loisirs éducatifs à destination des enfants et des jeunes du quartier.

Depuis près d’une décennie, l’association, subventionnée par la Ville de Grenoble à hauteur de 230 000 euros annuels, connaît des difficultés financières récurrentes et croissantes. Aujourd’hui, son déficit, de l’ordre de 60 000 euros, paraît insurmontable. La municipalité vient en effet de rejeter une demande de subvention exceptionnelle, estimant que cela ne résoudrait pas les problèmes de fond. Les difficultés que rencontre la MDH auraient, en effet, des causes profondes plus structurelles que conjoncturelles.

 

La baisse de fréquentation que la MDH connaît depuis plusieurs années ne s’expliquerait pas seulement par la conjoncture économique difficile, les quotients familiaux des habitants étant parmi les plus bas.

La dégradation du lieu de vie que représente la place des Géants est aussi très problématique. Le dispensaire SPA a quitté les lieux en 2010, les propriétaires de la pharmacie des Baladins, en âge d’être retraités, peinent à trouver un repreneur. La MDH n’est pas épargnée par la violence de certains jeunes, avec son lot de provocations, d’intrusions dans les locaux, de dégradations, ainsi que par la réputation de la place des Géants (ternie récemment encore avec l’assassinat de deux jeunes d’un quartier voisin, drame qui a fait grand bruit dans les médias). Les parents hésitent à confier leurs enfants à l’association. Se pose ainsi la question de la viabilité d’un centre de loisirs dans un quartier réputé « difficile ».

Par ailleurs, selon le président de l’association, Alain Manac’h, qui se confiait récemment au Dauphiné Libéré, « l’équipe s’est complètement désagrégée avec le départ de quatre personnes ». Il semblerait que la fusion entre le centre social et le centre de loisirs, opérée en 2009, n’ait pas bien fonctionné, que les conditions de travail se soient dégradées. Aujourd’hui, les embauches ne peuvent se faire que par le biais de contrats aidés en CDD, ce qui ne permet pas de reconstituer une équipe stable.

La MDH s’apprête donc à déposer le bilan auprès du Tribunal de Grande Instance de Grenoble. Le juge aura à décider entre la liquidation judiciaire effective, impliquant le fermeture de la structure et le licenciement du personnel ou au contraire, la viabilisation de l’association en procédant à un gel des dettes en échange d’une réduction drastique des activités de la structure.

Quoi qu’il en soit, la MDH et les élus se sont mis d’accord pour que soit maintenue jusqu’au 31 décembre, l’activité « enfance » telle qu’elle était initialement prévue.

Rien n’est encore perdu car, même en cas de liquidation judiciaire, la ville de Grenoble et les membres de l’association semblent soutenir la nécessité qu’une nouvelle association puisse voir le jour, portée par un nouveau projet impliquant plus encore les habitants. A suivre…