SAGA AFRICA

L’exposition  » Ce que nous devons à l’Afrique « , présentée au Musée dauphinois jusqu’au 9 janvier 2012, retrace l’histoire de ce continent, berceau de l’humanité. Lucy, témoin privilégiée, apportera son regard d’hier à aujourd’hui sur une sorte de malédiction. En 1974, Lucy, australopithèque découverte à Hadar (Éthiopie), est déterrée après 3,2 millions d’années de sommeil. À sa sortie, elle est frappée par les inégalités flagrantes entre les différents continents et s’aperçoit que le sien a été sacrifié au profit des autres.

Dès lors, elle n’a de cesse de comprendre le cercle vicieux dans lequel sont plongés ses semblables. Pour elle, les premiers signes de soumission sont apparus très tôt pendant l’Antiquité, où déjà étaient vendus des esclaves noirs dans les empires voisins, prouvant, de part la magnificence de leurs édifices, l’avancé de leurs civilisations. Au fil du temps, le passage à une guerre de territoire, sous l’égide de la religion parfois, a permis aux grandes puissances de l’époque d’asseoir leur grandeur, calculée en nombre de kilomètres carrés. Cette période de colonisation s’est étendue du milieu du XVe siècle jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1848 et laisse une trace indélébile dans l’histoire. Les colons à dominance européenne s’en allant, le processus de décolonisation qui s’est achevé à la fin des années 70 a laissé place à une interdépendance des états. Des problèmes interethniques ont plongé nombre de pays dans des guerres civiles, accroissant la pauvreté déjà fortement ancrée. La corruption, légion dans plusieurs états, n’arrangeant en rien la situation.
Pourtant, l’Afrique possède en son sein des solutions, mais depuis quelques années des pays étrangers, notamment asiatiques, ont de plus en plus la mainmise sur les ressources de ce continent. En investissant, ils s’accaparent des terrains pour les exploiter au maximum. Qu’on se le dise, il y aura tôt ou tard pénurie de matières premières et une lutte sans merci s’est lancée depuis quelques années. L’Asie a payé la crise financière américaine. Les mêmes rachètent l’Afrique pour produire et se nourrir. Dans les années à venir, en ce monde, il y aura peu de gagnants et beaucoup de perdants contrairement à la politique soi-disant de  » gagnant-gagnant  » entre le Zaïre et la Chine par exemple. L’homme venu d’Asie est travailleur, donc bien vu, car le peuple africain est resté sur l’image du colon européen, donneur d’ordre, qui reste un mauvais souvenir.
 » Ce que nous devons à l’Afrique  » comme le dit si bien Moridja Kitenge Banza, un des artistes contemporains exposant, c’est le respect. Depuis 2005, on assiste à un allégement de la dette de certains pays africains, contractée lors de leur indépendance, qui doit aboutir à terme à une annulation. Des pays comme le Congo ont pu prendre le chemin de la croissance et ainsi réduire la pauvreté. D’autres pays sont en train d’emboîter le pas. Mais n’est-ce pas au final un moyen de monnayer toutes les atrocités faites à ce continent ? On efface des sévices en effaçant une dette pour se donner bonne conscience. Lucy pense que l’Afrique ne rattrapera jamais le retard pris par rapport aux autres continents et reprend un proverbe africain :  » On tarde à grandir, on ne tarde pas à mourir « . Il faudrait, selon elle, remettre vraiment les compteurs à zéro pour ne pas devoir quelque chose à l’Afrique.

 » Ce que nous devons à l’Afrique  » du 16 octobre 2010 au 9 janvier 2012
Musée dauphinois
30, rue Maurice-Gignoux
38031 Grenoble cedex 1
Tél : 04. 57.58. 89. 01
www.musee-dauphinois.fr