Jeudi 14 avril, « voyageur », « en galère depuis 4 ans, je cherche un logement », « accueillante à Point d’eau », « étudiante à l’école d’architecture de Grenoble »… ou simplement curieux, tous s’étaient donnés rendez-vous pour participer au « Parlons-en » sur le thème des jeunes en errance.
Une actualité dramatiquement fertile
Comme à l’accoutumée, la séance a débuté sur le tour d’horizon des actualités du mois, la conférence du 29 mars sur l’état du mal logement en Isère et ses conséquences catastrophiques sur la santé, la récente incarcération de Rambo, figure emblématique de l’ambiance de la rue pour lequel ses amis se mobilisent en alertant la CIMADE et via facebook…
Le sujet le plus brûlant que nous ne manquerons pas d’aborder prochainement reste la multiplication des expulsions à Pont-de-Claix, Gières ou Saint-Martin- d’Hères depuis la fin de la trêve hivernale du 31 mars dernier. Le logement reste une priorité absolue. Actuellement quantités de surfaces habitables du parc privé et du parc public restent inoccupées. Pourtant près de 2 000 personnes habitent la rue et, parmi elles, un nombre croissant de jeunes adultes…
Carences des structures de proximité
D’après Pascal Dagneaux, éducateur à Point d’eau, la part des jeunes en errance a doublé depuis 2008, 3 personnes à la rue sur 10 auraient moins de 25 ans, seraient sans logement, ni revenu, ni couverture médicale. Son constat est alarmant : « la fin de la trêve hivernale n’a pas occasionné une hausse de la fréquentation dans notre structure ou même au Fournil. Les personnes se sont organisées autrement. Elles sont dans le non-recours et se situent le plus souvent aux frontières de la légalité ». Il termine son intervention par une note plus pessimiste encore en s’interrogeant sur les conséquences de la baisse des fonds publics réservés à l’accompagnement des populations en difficulté : « à terme, n’encouragerait-t-elle pas la marginalité et la création d’une société clivée ? »
De fait, même si la Permanence d’Accueil Jeunes (PAJ) poursuit sa mission d’écoute, d’orientation et de mise à disposition de prestations matérielles de première nécessité dans ses locaux avenue Marcellin Berthelot, la fermeture programmée du CODASE grenoblois crée un vide. En effet, alors que les éducateurs de rue étaient formés à une « prévention spécialisée » centrée sur la rencontre avec les jeunes adultes, le PAJ oppose le cadre strict et formel des permanences d’accueil à heures fixes.
À ce propos, la création d’une association a été soumise au groupe : gérée par un habitant de la rue, elle aurait pour but d’accompagner et de renseigner les personnes désorientées et découragées devant la complexité des dispositifs et des démarches administratives. Une photocopie du projet a été distribuée (pour plus de détails se reporter au compte-rendu complet de la réunion sur le site du Lîeu).
Les réalisations en cours
En effet, tel est l’objectif des réunions du Parlons-en : une discussion, un partage d’expériences, des personnes intéressées qui s’en saisissent pour construire et faire vivre ses initiatives. Ainsi la Caboterie, le projet chenil solidaire, progresse. Déjà soutenu par un réseau de familles bénévoles, il s’organise désormais avec le concours d’un éducateur comportementaliste canin. De même, les séances de tournage pour le film-témoignage du parcours du Parlons-en se poursuit avec des prises de vue à Point d’eau, au Local des Femmes et aux carrés communs avec le témoignage des membres de l’association Morts de rue. Enfin, l’idée d’un lieu dans l’espace public fait son chemin. Le collectif propose un rassemblement festif le 11 juin prochain au jardin de ville. Au programme : prises de paroles, stands de présentation et surtout débats. Une réunion de préparation est prévue le 28 avril prochain pour que chacun puisse « apporter sa pierre à l’édifice ».
Pour info :
Prochain Parlons-en jeudi 12 mai 2016
Maison des Habitants Centre-Ville
Thème : « les maraudes » : les structures qui les organisent et l’intérêt que chacun peut y trouver.