Vendredi 12 avril 2013 au salon de thé-bibliothèque La Causerie à Grenoble a eu lieu la présentation du livre « Capacitation Citoyenne, pour faire société, on est capables de tout ». Ce livre regroupe les textes d’une vingtaine d’auteurs : présidents d’association, acteurs sociaux, habitants de quartier, militants… Le mouvement Capacitation Citoyenne fait lien entre des gens aux profils différents depuis plus de dix ans, autour de l’idée simple que lorsque l’on est ensemble, on accroît la capacité d’agir individuelle et collective.
La « capacitation », c’est quoi ?
La présentation du livre était organisée par l’association Arpenteurs qui a été l’initiatrice de Capacitation Citoyenne en France. Pierre Mahey, son fondateur, est revenu sur la raison du mot « capacitation ». C’est tout d’abord l’idée de participation. Dans les années 90, on s’interrogeait beaucoup sur les méthodes de la participation de la population à la cité car une démocratie de délégation ne peut suffire à l’épanouissement de chacun. De nombreuses réunions ont permis de faire ressortir les points-clés dont celui de « formation » : « il faut mettre les élus, les techniciens et les habitants à l’école de la citoyenneté ». Le mot de « capacitation » est ainsi né de la combinaison des idées de participation, de formation et d’action collective. Le terme croise plusieurs langues, reliant les expériences du nord et du sud : en espagnol le mot capacitación signifie à la fois formation et qualification, en portuguais capacitação est le fait de développer des capacités et le Sénégal utilise le mot « capacitation » dans le même sens que les brésiliens avec capacitação.
Des actions locales et internationales
Capacitation Citoyenne, ce sont des « collectifs qui interrogent et croisent leurs pratiques pour renforcer leurs actions solidaires et citoyennes ». On compte environ 80 collectifs adhérents à ce mouvement, dans de nombreuses villes françaises mais aussi en Belgique, au Brésil, en Afrique…
Autour de Grenoble, quelques associations participent à Capacitation citoyenne comme les Arpenteurs à Fontaine, Entr’actif à Voiron, le Conseil Communal de Consultation des Citoyens à Eybens, Cité plurielle à Echirolles, Solexine à Grenoble ou le Mosaïkafé à Saint Martin d’Hères.
Côté belge, l’association Solidarités Nouvelles à Charleroi a pour objectif de développer la solidarité envers les personnes en difficultés, notamment pour faire reconnaître le droit au logement. À Bruxelles, l’association Periferia participe à des actions au Brésil dont l’Ecole de Planification Urbaine et de Chercheurs populaires de Fortaleza. Il s’agit d’échanger sur des thématiques comme la formation, l’urbanisme, l’école et la dimension politique de l’éducation.
Il existe aussi de nombreuses coopérations internationales comme entre Grande-Synthe (à côté de Dunkerque) et Guédiawaye (à côté de Dakar), à travers la mise en place en 1996 du réseau « Ville et participation citoyenne ».
De nombreux échanges ont lieu entre différentes personnes de différentes villes et pays pour « la formation des habitants à la gestion urbaine et sociale de la ville ». Le principe de ces rencontres est de partager ses expériences, apprendre des pratiques de l’autre. C’est aller vers l’enrichissement réciproque.
Des espaces de paroles et des traces pour faire avancer la réfléxion
Depuis 2009, pour faire connaître la Capacitation citoyenne, la Karavane investit l’espace public dans différentes villes. Il s’agit de débattre et d’interpeller les passants sur un thème particulier ou de faire monter des collectifs sur scène pour prendre la parole, chanter, déclamer, faire un sketch. Cela peut prendre la forme d’un tournage de film et s’appeler « Silence, on parle ! ». Des vidéos sont à visionner sur le site de téléquartiers.
Capacitation citoyenne dispose aussi d’une centaine de livrets téléchargeables gratuitement sur leur site. Ces livrets sont écrits en groupe de travail à partir de réflexions sur un collectif, une action, un problème social.
Enfin, le livre « Capacitation Citoyenne », présenté vendredi 12 avril à Grenoble, est une bonne approche des idées et actions du mouvement, de la diversité de ces membres et de l’espoir qu’il apporte de manière individuelle et collective. Comme le rappelle Pierre Mahey dans son texte : « Alors que les changements nécessaires paraissent inaccessibles dans sa vie quotidienne, dans son quartier, le sentiment d’appartenir à un mouvement plus vaste donne des ailes et permet d’envisager des luttes plus ambitieuses. De cette nouvelle posture, le monde devient accessible, les injustices peuvent se regarder en face, les résistances paraissent moins difficiles à vaincre. »
Capacitation Citoyenne – Pour faire société, on est capables de tout, Editions Couleur livres, 2013 (10 euros)
sites internet : www.capacitation-citoyenne.org ; www.arpenteurs.fr ; www.telequartiers.com