Fermeture de la MIE : « un désengagement clair »

Suite et fin ? La MIE de Meylan devrait, en toute logique, fermer définitivement ses portes vendredi 10 octobre.

Désabusés

La structure avait été mise sous tutelle par le Tribunal de Grande Instance de Grenoble au mois de juin, et c’est vers la fermeture pure et simple que la Maison de l’Initiative et de l’Emploi de Meylan se dirige aujourd’hui, après avoir accompagné demandeurs d’emploi et personnes en insertion sur la vallée du Grésivaudan durant une quinzaine d’années. Une issue radicale que les salariés de la MIE craignaient, sans réellement y croire voilà six mois à peine.

Les raisons de cette fermeture ? Au sein du personnel de la MIE, on ne mâche pas ses mots. « Il y a un désengagement clair de la part de la ville de Meylan, nous dit l’un de ses représentants, qui considère que l’insertion n’est plus de sa compétence du fait de la diminution de la dotation de l’État et des recettes. Ils ne mettent plus un euro sur l’emploi et l’insertion, même là où ils sont obligés de le faire, c’est-à-dire le RSA et le PLIE (Plan Local Pluriannuel pour l’Insertion et l’Emploi). »

Ce sont quatorze salariés qui sont en voie de licenciement économique, et une seule avec une perspective directe de réemploi, soit treize personnes qui seront au chômage dans moins d’une semaine.

« Ce qui est navrant, c’est qu’à l’exception de la CCPG (Communauté de Communes du Pays du Grésivaudan), on n’a pas de soutien par rapport à ces licenciements. La ville de Meylan s’est déresponsabilisée sur cette question, nous disant que nous étions une structure privée et qu’elle n’avait aucune responsabilité, ce qui n’est pas tout à fait vrai puisque la MIE est une émanation des communes ! »

Sans rien demain ?

Quid des personnes en insertion dont le profil et le parcours étaient suivis par la MIE ? « Ils n’auront en effet plus d’interlocuteurs référents privilégiés pour faire un point régulier sur leur recherche d’emploi et s’appuyer sur une offre de dispositif. Ils vont perdre ce point d’appui qui leur permet de se rapprocher des employeurs, des structures d’insertion, des dispositifs de formation. Et rien n’est arrêté sur une continuité des services sur la ville de Meylan. »

Reste un projet de SCOP (Société coopérative et participative) envisagé par quelques salariés pour assurer une continuité de certaines activités, mais qui demeure pour le moment tout théorique.

De son côté, le directeur de la MIE, Jean-Marc Gamba, se refuse à tout commentaire sur le fond « pour ne pas alimenter la polémique » mais tient à faire savoir son « chagrin » face à cette fermeture. « Ça fait dix-huit ans que je gère cette structure. J’avais été embauché pour la mettre en place, aujourd’hui je la mène à sa mort, et c’est sans gaieté de cœur… »

Nos sociétés modernes

Quant au président de la Maison de l’Initiative et de l’Emploi, Jean-François Clappaz, il évoque « une inadéquation entre les missions qu’accomplissait la MIE et les financements qui lui étaient alloués ». « Un certain nombre de financeurs, principalement des collectivités, n’ayant plus les moyens d’assumer les missions qui sont les leurs compte tenu de la baisse drastique des dotations de l’État, ont décidé de ne plus abonder au pot de la MIE à la hauteur de ce qu’ils faisaient avant, ce qui aboutit à un équilibre financier impossible à obtenir. »

Mais Jean-Français Clappaz se refuse fermement à faire preuve de la même sévérité que le personnel de la MIE vis-à-vis de la municipalité de Meylan. « Elle a été pendant de nombreuses années le principal financeur, mais avec les nouvelles compétences métropolitaines et la perte de dotations qui l’accompagne, la ville de Meylan ne peut plus assumer certaines missions qui lui étaient jusqu’ici allouées. Elle a donc de bonnes raisons de ne plus financer la MIE à hauteur de ce qu’elle faisait auparavant ! »

Et le président de conclure, tout en assurant avoir « fait tout ce qui était en (son) possible pour maintenir les emplois le plus longtemps possible » : « C’est forcément dommage qu’une partie des quatorze salariés se retrouve au chômage, mais de plus en plus les sociétés modernes vont être amenées à s’habituer au fait qu’il y ait des fermetures, des créations, des reconversions, des reformatages, et que malheureusement tous les gens que l’on pensait protégés parce portés plus ou moins par la puissance publique deviennent des demandeurs d’emploi quand la puissance publique se désengage. Je suis ennuyé pour eux à titre personnel mais, à part déplorer la situation, je ne peux pas faire grand-chose d’autre. »

Mais l’on ne peut que penser que, s’il faut peut-être s’habituer aux fermetures, il est plus délicat de parler de reconversions lorsque les salariés chargés de suivre les demandeurs d’emploi, et de leur proposer les formations adéquates, deviennent demandeurs d’emploi à leur tour.