L’accompagnement global, une solution de réinsertion sociale : 

Interview avec Michel Menezo, conseiller accompagnement global à Pôle Emploi de Fontaine

Dans son parcours de recherche d’emploi, le demandeur d’emploi, qu’il soit bénéficiaire ou non du RSA, peut rencontrer des difficultés d’ordre social ou économique qui peuvent freiner son accès ou son retour à l’emploi. L’accompagnement global permet de répondre à cette problématique. Il s’agit d’une procédure de double accompagnement qui permet un suivi coordonné et « personnalisé » du demandeur d’emploi.

Qu’est ce que  l’accompagnement global ?

Quatrième modalité de l’offre de services proposée par Pôle emploi dans sa politique de suivi et d’accompagnement des demandeurs d’emploi, l’accompagnement global est une procédure qui s’articule autour d’une double expertise à savoir celle d’un conseiller Pôle emploi et d’un professionnel du travail social qui relève du Conseil départemental. Le travail d’accompagnement global se fait en partenariat avec les assistants sociaux qui peuvent suivre la plupart des personnes accompagnées. Un partenariat est aussi mis en place avec les espaces santé et les psychologues du département.

L’accompagnement global a pour but de répondre aux besoins de réinsertion sociale des personnes qui sont soit en recherche d’emploi, soit en recherche d’une orientation professionnelle ou qui souhaitent mettre en œuvre un projet de création d’entreprise. L’objectif est de leur apporter des outils concrets favorisant la réalisation de leur projet tout en tenant compte de leurs freins périphériques.

La notion de freins périphériques renvoie aux contraintes non professionnelles de différentes natures qui peuvent toucher les demandeurs d’emploi et entraver leur retour à l’emploi ou d’engagement dans une démarche d’insertion. Ces difficultés peuvent être d’ordre social (logement, santé, etc) ou économique (dettes financières). Elles peuvent aussi concerner les parents isolés ainsi que les personnes en difficulté physique ou psychologique.

Depuis 2015, cette modalité était co- financée par le Fonds Social Européen (FSE) et Pôle Emploi. Depuis 2023, elle est entièrement prise en charge par le FSE.

Les trois autres modalités d’accompagnement proposées par Pôle emploi sont :

« l’accompagnement renforcé » pour les demandeurs d’emploi qui ont besoin d’être
fortement accompagnés par leur conseiller référent dans leur trajectoire de retour à
l’emploi, notamment à travers des contacts dont le rythme et le contenu répondent
aux besoins du demandeur.

« l’accompagnement guidé » pour les demandeurs d’emploi qui nécessitent d’être
appuyés par leur conseiller référent dans la recherche d’emploi, notamment à travers
des contacts dont la nature et la fréquence sont personnalisées.

« Suivi » pour les demandeurs les plus proches du marché de l’emploi et dont
l’autonomie dans la recherche d’emploi est la plus grande. Le conseiller référent
s’assure notamment que le demandeur d’emploi reçoit des offres d’emploi et accède
à l’ensemble des services disponibles.

Les personnes concernées par l’accompagnement

Pour bénéficier de cette procédure de suivi, il faut être demandeur d’emploi et inscrit à Pôle Emploi. Il n’y a pas de limite d’âge pour l’accompagnement global : il peut concerner les jeunes de moins de 26 ans autant que les personnes de plus de 60 ans. « J’ai en effet eu à accompagner un monsieur de 66 ans qui était en difficulté financière et qui était à la recherche d’un travail » relate Michel Menezo, Conseiller Accompagnement Global à Pôle Emploi (Fontaine).

Il existe cependant au niveau de Pôle Emploi, des accompagnements plus pertinents pour les jeunes de moins de 26 ans, comme le contrat d’engagement jeune (CEJ) ou l’accompagnement intensif  jeunes (AIJ).

Comment se passe la procédure d’accompagnement ?

“Les personnes que nous accompagnons arrivent par différents biais, soit par des collègues , soit par des assistants sociaux qui nous envoient leur dossier. Nous pouvons aussi agir sur les portefeuilles de conseillers notamment pour les bénéficiaires du RSA rencontrant des difficultés dans leur retour à l’emploi relève Michel Menezo.

Une convocation est envoyée à ces personnes qui fera l’objet d’un premier entretien de diagnostic socioprofessionnel où un point global de la situation de la personne sera fait et à l’issue duquel, il sera déterminé si elle doit relever de l’accompagnement global ou d’un autre accompagnement plus pertinent.

Un suivi personnalisé

Par la suite, un suivi du demandeur d’emploi est mis en place, qui nécessite une rencontre une fois par mois. Cette fréquence peut être accrue en fonction des besoins, mais peut aussi se faire à un rythme moins fréquent si la personne est en formation par exemple.

Le demandeur d’emploi a pour obligations de venir aux convocations et de mener les actions d’accompagnement mises en place pour un retour à l’emploi.

Un accompagnement limité dans le temps

L’accompagnement global est un accompagnement limité dans le temps. Sa durée maximale est de 12 mois (6 mois renouvelable une fois).

Cependant certains freins peuvent rendre l’accompagnement compliqué du fait du manque de rencontres individuelles avec la personne.

En termes de chiffres, combien de personnes sont suivies (sur une année par exemple) ?

Le portefeuille par conseiller d’accompagnement global est constitué en moyenne de 70 personnes dites « actives » c’est-à-dire qui ne sont pas en formation ou en emploi, qui ne sont pas malades ou indisponibles (congés).

Quel est l’impact de cet accompagnement dans le parcours des demandeurs d’emploi ?

Les personnes accompagnées sont généralement très éloignées de l’emploi. A l’issue du parcours d’accompagnement, certaines retournent en formation ou trouvent un emploi. Pour d’autres personnes, nous avançons sur le projet professionnel et surtout travaillons à lever les freins périphériques” mentionne Michel Menezo.

Pour les personnes qui n’ont pas de solution au sortir de la période légale d’accompagnement, un bilan est fait pour connaître la suite de parcours la plus pertinente. Nous mobilisons l’intégralité de notre offre de service qu’elle soit interne ou externe comme l’accompagnement PLIE (Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi) et nous organisons le relais avec le conseiller qui prendra la suite de l’accompagnement.

« L’accompagnement global est une très belle chose dans la mesure où il permet une synergie entre les différents partenaires  (les associations, les assistantes sociales, les crèches). L’activation de ces différents partenariats permet de mieux aider les personnes dans la globalité et pas seulement sur l’optique « emploi » ou « formation », mais aussi dans une optique plus personnelle. Comme par exemple trouver une solution pour un parent qui ne sait pas comment faire garder ses enfants pour aller travailler ou aller en formation » conclut Michel Menezo.