L’emploi… et l’écrit !

Retour sur une parution DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) que le ministère du Travail a mis en ligne au mois de juillet. Cette étude met en avant l’importance de la maîtrise des savoirs de base dans le cadre professionnel. Si les conclusions de cette étude ne sont pas une surprise, les chiffres qu’elle avance sont en revanche édifiants.

On apprend ainsi que, sur la population française âgée entre 18 et 65 ans en situation d’être sur le marché du travail, 16 % d’entre-elle éprouvent « des difficultés dans au moins un des domaines de l’écrit. » Autrement dit : avoir du mal à lire certains mots ou l’ensemble d’un texte, avoir du mal à rédiger, ou présenter des lacunes en matière de compréhension de textes simples.

Parmi ces personnes, on trouvera tout logiquement une plus grande proportion d’inactifs ou de demandeurs d’emploi, respectivement 37 % et 21 % d’entre-eux. Cependant les salariés ne sont pas en reste : 13 % d’entre-eux ne maîtrisent pas les enseignements fondamentaux de l’écrit. Si la proportion entre les femmes et les hommes est la même à peu de choses près, les chiffres varient en fonction de l’âge des personnes et présentent même de grandes disparités.

Ainsi, on trouve parmi les salariés de plus de 40 ans les plus grandes proportions de personnes en difficulté vis-à-vis de l’écrit, à hauteur d’un tiers d’entre-eux, ce qui est un chiffre conséquent qui diminue considérablement avec l’âge. Faut-il y voir le résultat d’une époque où trouver du travail était encore relativement accessible, y-compris pour les personnes les moins scolarisées ?

On serait dans ce cas presque en droit de la regretter, en constant que 30 % des chômeurs de moins de 30 ans ne maîtrisent pas l’écrit, un chiffre demeurant à hauteur de 22 % pour les demandeurs d’emploi entre 30 et 40 ans. L’étude met en relief le lourd handicap que représente ces difficultés dans la recherche d’un emploi : la réponse à des offres d’emploi, la rédaction d’une lettre de motivation, sont évidemment autant de démarches qui deviennent difficiles, et rendent la période de recherche plus longue que pour les personnes maîtrisant correctement l’écrit.

Ces difficultés réduisent également, et tout naturellement, le champ des possibilités professionnelles. Elles sont un handicap pour l’utilisation d’outils informatiques, et l’étude montre également qu’elles nuisent à la possibilité ou la capacité de se former au cours de sa carrière. Ce sont dans les emplois industriels souvent pénibles que l’on trouve la plus grande proportion de salariés en difficulté. Ainsi, la moitié des ouvriers présentent une maîtrise incomplète des savoirs de base. En revanche, et pour aller contre certaines idées reçues, moins de 3 % des agriculteurs sont concernés par ce problème.

La question n’est pas de juger de « l’intelligence » de telle ou telle catégorie de salariés en fonction du secteur ou de l’environnement, mais bien de s’interroger sur le handicap qu’une mauvaise connaissance des outils de base représente pour une personne qui, tout naturellement, pourrait aspirer à évoluer dans son cadre professionnel mais demeure cantonnée dans un emploi pénible et peu motivant.

Et cela d’autant plus que les personnes salariées sont beaucoup moins amenées à ressentir le besoin de revenir sur les connaissances de base et d’essayer de développer leur maîtrise de l’écrit, contrairement aux chômeurs voire aux inactifs, plus facilement en contact avec des structures ou des associations susceptibles de les inciter à faire cette démarche, voire de les accompagner activement…

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