Quand le logement devient un luxe…

La situation du logement est devenue catastrophique : non seulement les conditions de vie des ménages modestes se sont agravées mais la crise du logement fragilise aussi désormais les classes moyennes. En février 2012, lors de la campagne présidentielle, François Hollande a signé le « Contrat social pour une nouvelle politique du logement ». Il s’est alors engagé à mettre en oeuvre les propositions de la Fondation Abbé Pierre. Paroles en l’air ou réel engagement politique ?

La flambée des prix du logement

Aujourd’hui les dépenses pour se loger représentent d’un quart à la moitié du revenu mensuel des foyers. Selon le 18e rapport annuel sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre, en 2006, la France comptait 2,4 millions de personnes ayant rencontré des difficultés pour payer leur loyer ou rembourser leur emprunt immobilier. Avec un taux de chômage de plus ou moins 10% et une hausse constante des prix de l’immobilier, la situation n’a pu qu’empirer. Entre 2000 et 2010, le prix des logements (en terme d’acquisition ou de loyer) a été multiplié par deux ! De même, le prix des énergies (électricité, fioul, gaz, GPL) a augmenté de 60% en dix ans !

Les aides au logement

Il existe des aides personnelles au logement pour les foyers à faibles ressources (APL notamment) mais elles ne couvrent plus suffisamment les dépenses nécessaires au logement. La situation professionnelle des personnes est souvent instable avec des alternances fréquentes entre période d’activité et période de chômage. Il est donc nécessaire d’ajuster efficacement ces aides pour stabiliser les situations économiques des allocataires, ce qui n’est pas encore le cas à l’heure actuelle.

La lutte contre la précarité énergétique

La précarité énergétique peut se définir comme la difficulté, voire l’incapacité à pouvoir chauffer correctement son logement, et ceci à un coût acceptable. 3,8 millions de ménages sont dans cette situation. Pour lutter contre ce phénomène, il existe aussi des aides personnelles : ce sont les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité. Ces aides sont accordées lorsqu’une personne peut bénéficier de la CMUC (Couverture maladie universelle complémentaire) et cela a récemment été étendu aux bénéficiaires de l’ACS (Aide pour une complémentaire santé) mais ce rabais ne concerne que peu de personnes.

A l’heure actuelle, un logement sur quatre est difficile ou trop coûteux à bien chauffer l’hiver. Un plan d’isolation thermique est prévu pour un million de logements par an. Il a notamment pour but d’améliorer les compétences des professionnels du bâtiment en terme d’énergie et de faciliter le financement de travaux d’isolation. Mais ce plan concernera-t-il en priorité les logements dont les occupants sont les plus démunis ?

Le marché de l’immobilier

Concernant le prix des loyers, un décret est appliqué depuis juillet 2012 pour limiter la hausse des loyers à la relocation. Cependant, l’efficacité de ce décret est limitée car les locataires n’ont pas connaissance du montant de l’ancien loyer et il existe aussi des dérogations à ce décret dans certaines zones d’habitation. Un système législatif de maîtrise des loyers est annoncé dans la loi sur le logement pour 2013 mais actuellement rien n’est concrètement mis en place.

Enfin, une loi prévoit la création d’observatoires locaux du logement, ce qui montre la volonté nationale de mieux connaître les rouages du marché de l’immobilier et les difficultés de la population concernant le logement.

En janvier dernier, pendant la trève hivernale, une mère avec son enfant de quelques mois a été expulsée de son logement parisien de 4m2 qu’elle payait 200 euros par mois ! Il y a une réelle pénurie de logements dans certains secteurs et la situation économique amène des personnes à vivre dans des conditions inacceptables et hors-la-loi (un logement doit faire au minimum 9m2). Au niveau politique, des normes sont posées et des mesures envisagées mais cela reste insuffisant compte tenu des prix généralement exorbitants du logement et des charges. L’urgence sociale est bien présente et comme les solutions tardent à venir, le moratoire sur les expulsions locatives pour toute l’année 2013 réclamé par la Fondation Abbé Pierre semble nécessaire.

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