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La création artistique, un domaine réservé à une certaine caste ?
Eh bien je dis non, mille fois non, deux mille fois non, trois mille fois non…

Popularité, popularité, beaucoup n’ont que ce mot à la bouche, à se demander, si la célébrité, son quart d’heure de gloire comme dirait Warhol, ne serait pas plus important que sa raison. Le divertissement, « l’entertainment », comme il est nommé aux États-Unis tend à préférer la forme au fond, la standardisation à l’originalité. Mais, avec le temps, qui reste dans la mémoire collective ? Van Gogh ou Lorie ? Le premier n’a jamais rien vendu de son vivant alors que la deuxième est une star, aujourd’hui, mais rejoindra peut-être les poubelles de l’histoire demain.

Souvent la création est mythifiée : il faudrait avoir un don ou un talent inné, certains seraient touchés par cette grâce créatrice que le commun des mortels n’aurait pas. En fait, point besoin de don ou autre grâce divine pour créer, même si le milieu socioculturel et notre vécu jouent un rôle, il suffit d’avoir quelque chose à dire et un moyen de l’exprimer : l’écriture, le dessin, la photo, la musique etc. Certes un minimum de technique est nécessaire afin de retranscrire sa pensée sous une autre forme, mais rien d’insurmontable.

Quand je dis il suffit d’avoir quelque chose à dire, ce n’est évidemment pas aussi simple. Que vous créiez déjà, ou que vous soyez intéressé par la création sans jamais avoir osé franchir le pas, la principale difficulté ne sera pas l’idée.
On a tous des idées. La retranscription de cette idée, sa mise en forme, c’est cela qui est compliqué et c’est là que se situe la création. Et ne comptez pas sur des recettes toutes faites pour y parvenir. Des errements, des tâtonnements, des remises en question sont inévitables.
On pense souvent que l’artiste s’installe à sa table et que sa créativité débridée jaillit tel le torrent de lave d’un volcan en éruption. Mais, en réalité, il faut cogiter en parcourant des kilomètres de macadam. Après avoir usé ses semelles au point que les métatarsiens** soient mis à nus et hurlent : « Allons bouffer ! ». Et enfin, le ventre plein, l’œuvre se dessine, prend forme et, in fine aboutit. Cet hommage, assumé, de Vladimir Maïakovski n’est pas là pour vous faire renoncer, mais créer ne se fait pas d’un claquement de doigts. Ou, comme le dit différemment Goethe  « Le génie consiste en 99% de transpiration et 1% d’inspiration », alors au boulot !

Et si vous êtes le seul (avec votre mère) à reconnaître votre talent, vous vous serez malgré tout exprimé, vous aurez extériorisé ce qui est enfoui au plus profond de votre être. C’est ce qui rend la création magique, et, il faut bien le dire, parfois douloureuse. Elle est souvent ressentie comme un besoin fondamental, voire comme une thérapie et, une fois goûté à ce fruit, impossible de s’en passer et finalement peu importe la popularité de votre œuvre, même si une reconnaissance aussi petite soit-elle fait toujours plaisir.

* Une erreur de police s’est glissée dans le titre, à moins qu’il ne s’agisse d’une démarche artistique. Veuillez lire : « C’est de l’art ».

** Os du pied trop petits pour nourrir un chien.