Solidarité Femmes

Et par le pouvoir d’un mot.
Je recommence ma vie.
Je suis né pour te connaître.
Pour te nommer.
Liberté.

[P. Eluard – Poésie & Liberté 42 – 1942]

11 mars 2009, mairie de Grenoble, résonnent les vers du poème de Paul Eluard, par les membres de Solidarité Femmes dont l’objectif premier est la défense du droit des femmes en général, et plus particulièrement la lutte contre la violence faite aux femmes (conjugale, intrafamiliale, professionnelle, etc). L’occasion d’aller à la rencontre de Naïma Zibat, chef de service, qui accompagne avec toute l’équipe de l’association, les femmes victimes de violence sur le chemin de la liberté.

Ces femmes, souvent fragilisées et bloquées dans des mécanismes psychologiques particuliers ont un besoin de prise en charge spécifique. Parce que la violence est un cercle vicieux et qu’il n’est pas facile d’en sortir, l’accompagnement doit s’inscrire dans la durée. « Elles se sentent complètement dévalorisées, elles sont cassées physiquement et psychologiquement. Il y a donc besoin d’un accompagnement et d’un soutien fort. Cela ne peut être que de l’écoute si la personne n’est pas prête à engager des démarches. C’est un travail qui se fait sur le long terme en fonction du besoin de la personne qui vient demander de l’aide. Nous sommes la seule association sur le département à effectuer cette mission d’accompagnement dans le temps. » Au-delà du manque de confiance en elles dont souffrent ces femmes, c’est l’ensemble des freins générés par la problématique de la violence qui est pris en compte. « On sait qu’il ne faut pas engager les démarches trop vite, on leur laisse le temps de se poser, tranquillement. » Plus tard, et si le départ est définitif, viendront les dossiers de demande d’aide financière, d’hébergement, de CMU, etc. En attendant, ces femmes pourront profiter du restaurant-chantier d’insertion de l’association, L’Arbre Fruité.

Toutefois, pour elles, l’insertion (ou réinsertion) ne sera pas pour tout de suite, « Les dames qu’on reçoit à l’Agora ne sont pas aptes, à l’heure où on les reçoit, au travail ». Les écueils, nombreux, rendent le retour à la vie professionnelle difficile. Elles doivent retrouver confiance en elles, apprendre à se repérer, à se reconstruire.

À Solidarité Femmes, les chiffres sont à la hausse, plus de femmes y viennent, cela ne veut pas dire qu’il y en a plus, mais elles osent plus. « C’est dû à la médiatisation, c’est peut-être moins tabou, on en parle dans les médias. Plus on va libérer cette parole, plus les femmes oseront parler. Ce n’est pas honteux, ce n’est pas leur faute, elles ne sont pas responsables de la violence de leur compagnon. Et il y a des lois qui les protègent. » Il ne s’agit alors pas seulement de proposer un soutien à ces femmes, mais d’effectuer un véritable travail d’information, de sensibilisation et de prévention auprès des professionnels et de la jeunesse. À ce titre, l’Agora est également un point Ressources et un espace de formation.

À Solidarité Femmes, les femmes victimes de violence y expriment leur vécu de violence, à la fois en confiance et sans crainte de jugement. Elles y sont accompagnées et soutenues « pour que la liberté ne reste pas qu’un mot ».

 

Solidarité Femmes Grenoble-Isère
6 galerie de l’Arlequin – 38100 Grenoble
T
él. 04 76 40 50 10
Site internet : http://solidaritefemmes.free.fr