Assistant.e Social.e, un métier à charge mentale?

Avec une expérience professionnelle de plus d’une décennie comme assistante sociale, Amandine Burdet exerce pour le département de l’Isère depuis 2009.

Elle accompagne des personnes en difficulté (toutes catégories confondues, dont les bénéficiaires du RSA) dans leurs démarches vers l’autonomie. Il s’agit de Parcours santé sociale insertion (PSSI). Un accompagnement centré sur les problématiques du quotidien des bénéficiaires.
Diplômée en sociologie, Amandine Burdet poursuit ensuite des études d’assistante sociale pendant trois ans à Grenoble. Elle  commence son métier d’assistante sociale dans le service municipal de santé scolaire de la ville de Grenoble dans 4 écoles. Elle rejoint ensuite la CAF de l’Isère pour travailler dans le centre médico-social de Crolles, avant d’être embauchée par le Conseil départemental de l’Isère. Près de 90 personnes bénéficient actuellement de son accompagnement, dont 28 bénéficiaires du RSA sur 16 communes de l’Isère. Amandine Burdet exerce aussi le mandat d’accompagnement dans le cadre du RSA des personnes les plus éloignées de l’emploi.

Qu’est-ce qu’un.e assistant.e social.e ?
Un.e assistant.e social.e aide et soutient les personnes confrontées à des difficultés familiales, sociales, financières, etc. dans leurs démarches de recherche d’autonomie et d’inclusion sociale. Ses missions ont pour objectif d’améliorer les conditions de vie des personnes et des familles sur le plan social, sanitaire, familial, économique, culturel et professionnel ; mais aussi de développer leurs capacités à maintenir ou restaurer leur autonomie. L’assistant.e social.e travaille au sein d’une équipe pluriprofessionnelle et est en lien avec les partenaires du territoire, tels que les communes, la CAF, les missions locales,etc.
Amandine Burdet aide ainsi les bénéficiaires du RSA  à connaître leurs droits, à faire des demandes d’aides (financières, alimentaires, d’accès aux soins, logement ou hébergement,…), à gérer leur budget, à reprendre confiance en eux ainsi qu’à réaliser d’autres démarches en fonction des besoins. Elle les accompagne aussi dans la réalisation du contrat d’engagement réciproque lorsqu’il s’agit d’une insertion professionnelle.
Ce soutien peut être ponctuel, de courte ou de longue durée selon la situation de la personne accompagnée. C’est un accompagnement qui exige une grande capacité d’écoute et de la patience pour amener la personne à une autonomie..
La gestion des bénéficiaires, une charge mentale importante?
Le profil de chaque bénéficiaire est différent. Il faut adapter son accompagnement à chaque situation. Amandine Burdet évoque ici une charge mentale importante dans l’exercice du métier. “Il faut savoir gérer ses émotions en plus de celles du bénéficiaire, savoir gagner sa confiance pour connaître sa vraie situation et lui proposer une aide qui convient. La notion d’instauration d’une relation de confiance est capitale et préalable à tout accompagnement. Cette tâche n’est pas facile lorsque la personne accompagnée a des problèmes psychologiques trop importants qu’elle ignore ou des  addictions à l’alcool par exemple.”
Pour faire face à cela, elle est appelée à travailler en lien avec d’autres partenaires tels que les centres médico- psychiatriques, la maison réseau de santé de l’Isère etc. Il arrive parfois que le délai d’attente soit long pour arriver à une solution adéquate.
La Covid, un facteur aggravant?
La crise sanitaire actuelle a revu à la hausse le nombre de bénéficiaires des aides. La précarité étant à la hausse, les besoins se sont accentués (besoins financiers, alimentaires, de protection,…). On constate des aggravations des violences conjugales ou familiales qui amènent parfois à des problèmes psychologiques graves. Il faut donc faire face à ce nouveau défi en multipliant certaines actions dans l’accompagnement. Par exemple, multiplier les appels téléphoniques pour avoir des nouvelles des accompagnés, leur proposer des aides psychologiques s’il le faut.
Quelques propositions et perspectives pour une évolution
Amandine Burdet révèle quelques propositions, portées par le département de l’Isère, et qui constituent les projets 2021 pour l’évolution de son métier :  la réorganisation des activités de l’action sociale avec la création du pôle accès aux droits, le changement dans la manière de travailler, etc.
Un autre projet, c’est celui de réfléchir sur le développement de la médiation numérique auprès des ménages.
La fracture numérique aussi est un frein pour certaines personnes isolées notamment. Il faut penser à cette question d’actualité. Comment accompagner ce public sur le numérique  en lien avec les partenaires ?”

Malgré cette charge mentale, Amandine Burdet apprécie son métier . Pour elle, c’est un choix professionnel. Sa grande sensibilité aux injustices, son empathie et sa volonté d’aider les gens en difficulté lui font aimer son métier et elle trouve cet accompagnement de grande utilité.