Solidarité Femmes : Accueil, Prévention, Insertion

L’association Solidarités Femmes œuvre depuis trente-deux ans à lutter contre les violences faites aux femmes et accueillir celles qui en sont victimes.

Femmes solidaires

Les violences faites aux femmes demeurent une réalité brûlante au sein de notre société. Créée en 1981 et d’inspiration féministe, Solidarité Femmes fait partie des nombreuses associations qui tentent d’apporter secours et solutions aux femmes victimes de violences. « Toutes les violences », précisent la directrice de l’association, Martine Letter, évoquant autant les violences physiques ou morales au sein du couple que le harcèlement dans le milieu professionnel ou la question des mariages forcés.

Très active, l’association propose plusieurs « services-supports » en matière d’aide aux femmes victimes de violences. Le premier d’entre-eux, le service Agora, se veut un lieu d’accueil permettant aux femmes qui le désirent de venir exposer leur situation, sur rendez-vous comme en situation d’urgence. Les femmes victimes de violence trouvent ainsi écoute et accompagnement, voire mise en protection si nécessaire, et peuvent aussi bénéficier d’un suivi social ou d’un soutien psychologique.

« Dans le personnel qui travaille sur ce service d’accueil Agora, on va retrouver des travailleurs sociaux, une assistante sociale, une éducatrice spécialisée, une psychologue, et une hôtesse d’accueil qui a toute la bienveillance requise pour accueillir des femmes souvent éplorées, en situation de stress, ébranlées par les violences qu’elles ont subies », précise Martine Letter.

Agora développe également d’autres angles d’accompagnement, plus collectifs par exemple avec la constitution de groupes de parole de femmes, ou des ateliers d’expression pour les enfants témoins de violences animés par une psychologue. Enfin, le service est également un lieu d’accueil de jour, offrant un espace de confort. « La femme victime de violences se trouve parfois en situation d’hébergement hâtif, logée dans des conditions exiguës, défavorables. Elle peut venir chez nous, se poser pour deux heures, pour une demi-heure, une journée, une demi-journée… »

Un nouveau départ

Le deuxième service proposé, appelé Starter, veut poser une question à la fois simple et complexe : comment rebondir lorsque l’on a vécu une situation de violence ? « Rebondir, cela veut dire retrouver confiance en soi, mais cela veut aussi dire se faire plaisir », précise la directrice, expliquant que se mettent ainsi en place des ateliers conviviaux.

« Cela peut être un atelier cuisine, un atelier danse… On privilégie aussi les compétences de chacune des femmes, si elles le souhaitent. C’est un peu un échange réciproque de savoirs : une femme a une compétence donnée et peut proposer une activité récréative autour de cette compétence. Mais les activités peuvent aussi provenir de professionnels. » Des professionnels mais aussi des bénévoles, dont l’engagement est essentiel et primordial pour l’existence et l’animation de nombreux ateliers.

Deuxième axe : des accompagnements autour de l’apprentissage du français. Un apprentissage individualisé pour répondre aux besoins différents des femmes analphabètes ou des personnes d’origine étrangère maîtrisant mal la langue. En 2012, neuf femmes ont bénéficié de ces ateliers animés par des bénévoles. Il leur a été proposé 108 séances de deux heures chacune.

Restaurer, insérer

Le service se préoccupe également du devenir social et professionnel des personnes accompagnées. C’est d’ailleurs à cet effet qu’a été créé à l’origine l’Arbre Fruité, troisième caractéristique d’approche de Solidarité Femmes.

L’Arbre Fruité est un restaurant, mais aussi et surtout un chantier d’insertion. Historiquement, il avait pour vocation d’accueillir les femmes victimes de violence et désirant se réinsérer suite à une rupture, offrant un premier pas vers la vie professionnelle. Mais Martine Letter tient à ce que les choses soient claire : aujourd’hui, L’Arbre Fruité est un chantier d’insertion et n’est donc plus du tout centré sur le seul accompagnement socioprofessionnel d’un public exclusivement féminin.

Sur l’année, ce sont à peu près vingt-trois personnes qui sont recrutées par le chantier d’insertion, dont onze en simultané, pour des contrats aidés allant de six jusqu’à dix-huit mois maximum. Le restaurant va bientôt fêter ses vingt ans, l’occasion sans doute de célébrer l’événement comme il se doit !

Frapper l’opinion

Solidarité Femmes, enfin, ce sont également des actions de sensibilisation, s’adressant à tous dans le cadre par exemple de la Journée de la Femme (8 mars) ou la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes (25 novembre), « prétextes heureux pour nous à pouvoir intervenir, donner des éléments et délivrer des messages, autour de la violence faite aux femmes mais aussi autour de la thématique de l’égalité femme-homme, ou la lutte contre les préjugés, les discriminations, les stéréotypes. »

Ainsi, sur la semaine du 25 novembre 2012, Solidarité Femmes sera présente à la bibliothèque Kateb Yacine, en partenariat avec le Planning Familial, pour proposer une exposition et aller à la rencontre des gens. L’association sera également présente à la Maison des Habitants des Baladins, ou les centres sociaux de Fontaine et Échirolles, en partenariat avec Milena.

Solidarité Femmes organise également des colloques ou des tables rondes une à deux fois par an, qui peuvent s’adresser au grand public ou à des publics plus ciblés. Ce 8 mars, c’était par exemple la thématique difficile du viol collectif qui a fait l’objet d’un débat, ou l’année dernière la thématique du harcèlement au travail. Des actions plus spécifiques ont également lieu, que cela soit auprès de professionnels de santé ou de collégiens.

L’association repose sur des financements de partenaires publics (l’État, le Conseil Général, la ville de Grenoble, le Conseil Régional, la METRO, la CAF, la ville d’Échirolles…) mais fait aussi appel à des partenariats privés, via des dons ou un gala annuel à visée caritative. Preuve que la lutte contre les violences faites aux femmes mobilise à tous les niveaux de la société, un espoir en attendant, comme l’espère la structure, qu’un jour des associations comme Solidarité Femmes n’aient simplement plus aucune raison d’exister !